Paris (awp/afp) - La banque BNP Paribas a enregistré un bénéfice net sans précédent l'an dernier, à 10,2 milliards d'euros, battant son record de 2021, mais a expliqué mardi aux syndicats de son métier de crédit à la consommation qu'elle envisageait de supprimer 921 postes dans cette activité.

La première banque européenne a également relevé les objectifs de son plan stratégique pour 2025.

L'an dernier, son bénéfice net a progressé de 7,5% par rapport à 2021 et même grimpé de 19% hors éléments exceptionnels, à savoir 204 millions d'euros de provisions à la suite d'une loi polonaise permettant aux emprunteurs de suspendre leurs remboursements et 433 millions d'euros liés à la guerre en Ukraine et à la dépréciation de sa filiale dans ce pays.

Le groupe a fait toutefois un peu moins bien qu'attendu au quatrième trimestre 2022, avec 2,15 milliards d'euros de bénéfice contre 2,22 milliards escomptés par les analystes consultés par Bloomberg.

Le produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires pour le secteur, progresse de 9% sur un an, à 50,4 milliards d'euros.

Ces bons résultats ont été salués en Bourse, l'action gagnant mardi 2,62% à 62,34 euros.

Objectif bénéfice: +9% par an

Les revenus de tous les pôles d'activité sont en hausse: +15,7% pour la partie dédiée aux entreprises et aux grandes institutions, +9,3% pour les banques commerciales et les métiers spécialisés et +3% pour les métiers de l'investissement et de l'épargne.

"Fort de ces résultats qui confirment la pertinence de notre plan stratégique 2025, et confiant dans la capacité du groupe à poursuivre sa croissance disciplinée et durable, le groupe a révisé ses objectifs à la hausse", s'est félicité Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans le communiqué.

La banque prévoit une croissance moyenne de son bénéfice de 9% par an de 2022 à 2025, contre 7% précédemment.

Pour atteindre cet objectif, elle table notamment sur deux milliards d'euros de revenus supplémentaires à l'horizon 2025 du fait de la hausse des taux, provoquée par le resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne pour lutter contre l'inflation.

Mais BNP Paribas prévoit aussi des réductions de coûts plus importantes que prévu, à 2,3 milliards d'euros contre 2 milliards précédemment.

Sa filiale de crédit à la consommation BNP Paribas Personal Finance, qui souffre du retour de l'inflation, est en première ligne: un plan de suppression de 921 postes, sans départs contraints, a été présenté mardi aux syndicats. Sur un effectif total de 5.142 personnes.

"C'est un métier qui a un grand avenir", mais qui subit les conséquences de "la remontée très brutale des taux" et doit donc "s'adapter", a réagi mardi soir sur BFM Business le directeur général délégué de BNP Paribas, Thierry Laborde.

Concernant le coût du risque -les sommes provisionnées en cas de défaut d'un emprunteur-, il s'est établi à près de 3 milliards d'euros l'an dernier, en hausse de 1,4% par rapport à 2021.

Rachat d'actions

La cession de la filiale américaine Bank of the West, qui a généré une "plus-value exceptionnelle (nette d'impôts) d'environ 2,9 milliards d'euros", n'est pas incluse dans le résultat, mais permettra de libérer 11,6 milliards d'euros de fonds propres.

Cette somme sera utilisée pour accélérer la croissance grâce à des investissements ou acquisitions ciblées, pour environ 7,6 milliards d'euros.

"Nous allons investir davantage, encore plus, dans nos meilleurs métiers, ceux qui sont le mieux positionnés, qui sont le plus susceptibles de créer de la valeur dans le long terme", a expliqué M. Bonnafé lors d'une conférence de presse.

Interrogé sur la possibilité d'acquérir Orange Bank dans les colonnes du Figaro daté de mercredi, M. Bonnafé a répondu par la négative.

L'autre partie des fonds libérés par la cession de Bank of the West sera utilisée pour des rachats d'actions en 2023, de l'ordre de 4 milliards d'euros.

Avec en plus un milliard d'euros de rachats d'actions au titre du bénéfice de l'année dernière, c'est environ 5 milliards qui seront alloués à ces rachats.

La banque compte servir à ses actionnaires un dividende en hausse d'environ 6%, à 3,90 euros par action.

afp/rp