Orpea a révélé les grandes lignes de son plan de restructuration financière. Une opération particulièrement dilutive pour les actionnaires existants, évidemment, qui passe par une conversion massive de la dette en actions et la prise de contrôle de l'entreprise par un groupement d'investisseurs institutionnels français et des créanciers. L'action perdait environ 30% à sa reprise de cotation ce matin.
Voici quelques éléments synthétiques sur le projet :
Un accord de principe a été signé entre
Des Investisseurs français "de long terme" (CDC, CNP Assurances, MAIF, MACSF, ensemble "le Groupement") et
Des créanciers (baptisés SteerCo) détenant 50% de la dette non-sécurisée (soit 3,8 Mds€).
Si les opérations envisagées vont à leur terme, les actionnaires existants n'auraient plus que 0,4% du capital s'ils ne souscrivent pas aux levées de fonds. Le Groupement détiendrait environ 50,2% du capital et les Créanciers financiers non sécurisés environ 49,4% (cf. point "dilution).
Le Groupement ne lancera pas d'OPA, même s'il franchit les seuils légaux : il va demander une dérogation définitive à l’obligation de déposer une offre publique sur la base de la restructuration financière. Ce type de dérogation est souvent accordée quand il s'agit de sauver une entreprise de la disparition.
Processus :
Conversion en capital de l’intégralité des dettes financières non sécurisées (baisse de l'endettement brut de 3,8 Mds€)
Apport de fonds propres en numéraire à hauteur de 1,550Md€, via des augmentations de capital souscrites par le "Groupement" à hauteur de 1,355Md€, et garanties pour le solde à hauteur de 195 M€ le "SteerCo".
Une première augmentation de capital avec maintien du DPS pour 3,8 Mds€, garantie par l’ensemble des créanciers financiers non sécurisés, qui souscriront par compensation de créances et récupéreront les fonds levés auprès des actionnaires souscrivants.
Une seconde augmentation de capital de avec suppression du DPS pour que le Groupement injecte 1,16 Md€ et prenne le contrôle (50,2% du capital).
Une troisième augmentation de capital avec maintien du DPS de 0,4 Md€. Le Groupement et SteerCo y souscriront en échange de BSA.
Bilan attendu : baisse de la dette pro forma de 60% et objectif de ratio de levier (dette financière nette sur Ebitda) de moins de 6,5 fois en 2025.
Calendrier :
La documentation est à finaliser.
Dans le délai de la procédure de conciliation en cours, dépôt d'une demande d’ouverture d’une procédure de sauvegarde accélérée pour faciliter le déploiement de l'accord.
Dilution :
Massive, évidemment. La note de bas de page numéro 8 est très intéressante. Pour limiter sa dilution au maximum, un actionnaire devra injecter en numéraire 61,24 EUR par action détenue.
Commentaire de l'analyste Yi Zhong, qui suit le dossier chez AlphaValue : "La participation au capital des actionnaires existants sera réduite à 0,4%, ce qui est encore pire que notre estimation de 0,66%".
ORPEA est le leader européen de la prise en charge globale de la dépendance. Le groupe assure l'exploitation de maisons de retraite, de cliniques de soins de suite et de cliniques de psychiatrie.
A fin 2022, ORPEA dispose d'un réseau de 992 établissements (90 860 lits) implantés en France (358 établissements ; 33 462 lits), au Benelux-Royaume Uni-Irlande (193; 10 708 lits), en Europe centrale (237 ; 23 765 lits), en Europe de l'Est (124 ; 12 764 lits), en Péninsule ibérique et en Amérique latine (79 ; 10 007 lits) et en Chine (1 ; 154 lits).
Le groupe dispose d'un patrimoine immobilier de près de 2,3 millions de m2 pour une valeur de 6 500 MEUR.
La répartition géographique du CA est la suivante : France-Benelux-Royaume Uni-Irlande (59,9%), Europe centrale (25,6%), Europe de l'Est (9,3%), Péninsule ibérique et Amérique latine (5,1%) et autres (0,1%).