PARIS, 1er février (Reuters) -

Orpea a annoncé mercredi un accord de principe sur un plan de restructuration financière qui fait de l'État français son principal actionnaire, à travers une prise de contrôle par un groupement mené par la Caisse des dépôts et consignations (CDC).

L'accord a été trouvé avec, d'une part, un groupement dinvestisseurs français de long terme mené par la Caisse des dépôts et consignations et, d'autre part, des créanciers détenant environ 50% de la dette non sécurisée de la société, a indiqué le groupe d'Ehpad privés, accusé de manquements dans la prise en charge des résidents.

Il prévoit un apport de fonds propres en numéraire à hauteur de 1,55 milliard deuros ainsi que la conversion en capital de lintégralité des dettes financières non sécurisées portées par Orpea, correspondant à une diminution de lendettement brut du groupe denviron 3,8 milliards deuros, précise le gestionnaire de maisons de retraite dans un communiqué.

A l'issue des opérations, le groupement mené par la CDC et qui comprend également la MAIF, CNP Assurances et la MACSF (Mutuelle dassurance du corps de santé français), détiendrait environ 50,2% du capital de la société, devenant son actionnaire majoritaire.

Le groupement s'engage par ailleurs à ne pas déposer doffre publique sur les titres dOrpea au cours des cinq années suivant la transaction.

Si les actionnaires existants décident de ne pas participer aux augmentations de capital, ils ne détiendraient quenviron 0,4% du capital de la société, a précisé Orpea, et les créanciers financiers non sécurisés environ 49,4%.

Le titre Orpea chutait de 19,26% à 5,74 euros à la Bourse de Paris à 08h37 GMT, à son plus bas depuis 2003.

L'action s'échangeait au-dessus de 80 euros avant la parution, en janvier 2022, du livre-enquête baptisé "Les Fossoyeurs" dans lequel le journaliste Victor Castanet dénonce la négligence d'Orpea et le mauvais traitement de personnes âgées dans certains établissements du groupe.

"C'est un désastre pour tous les investisseurs et une leçon sur le fait qu'on ne peut pas faire des profits excessifs sur les ressources publiques et au détriment des clients fragiles", a déclaré à Reuters Yi Zhong, analyste chez AlphaValue.

Selon elle, la prise de contrôle de la CDC signifie qu'il n'y aura "aucun espoir de retour à une forte rentabilité ou pour la reprise des dividendes, au moins à moyen-terme".

"L'échec de l'histoire commerciale d'Orpea nous rappelle l'inquiétude concernant la viabilité de toutes les maisons de retraite", a-t-elle ajouté.

De son côté, le directeur général d'Orpea a salué un accord qui "apporte les moyens financiers nécessaires" pour mener à bien le plan "Refondation Orpea Change !" présenté le 15 novembre dernier.

Ce plan prévoyait de convertir 3,8 milliards d'euros de dettes non garanties en actions par le biais d'une émission de droits aux actionnaires existants.

Compte tenu de la dilution devant résulter des augmentations de capital, le conseil dadministration procédera à la nomination dun expert indépendant, chargé de se prononcer sur la restructuration financière, a précisé le groupe mercredi. (Rédigé par Jean-Stéphane Brosse et Kate Entringer, avec la contribution de Piotr Lipiski, édité par Blandine Hénault)