VERSAILLES (awp/afp) - Au sein de la +remote room+ de l'écurie DS Techeetah, dans la zone industrielle de Satory en région parisienne, six techniciens retiennent leur souffle avant le départ samedi du troisième ePrix de la saison de Formule E... qui se déroule pourtant à plus de 1.000 km de là, à Rome, en Italie.

"La remote room c'est un quartier général déporté, avec six ingénieurs qui ont accès à toutes les données de la course en temps réel", explique Thomas Gomis, directeur du développement de DS performance.

En Formule E, avoir une équipe pour analyser à distance les données est crucial. Les essais, les qualifications et le ePrix de 45 minutes se déroulent tous la même journée, ce qui laisse peu de temps pour les ajustements.

Pour gagner du temps, l'écurie franco-chinoise peut compter sur Arthur Lehouck, un jeune homme de 21 ans, issu du karting et du eSport, qui roule sur une copie virtuelle du circuit dans la salle voisine.

"Le simulateur piloté par Arthur, nous permet de vérifier que les changements que l'on envisage de faire devraient bien produire l'effet désiré en course", détaille Thomas Gomis.

Une fois les pilotes élancés - derrière la voiture de sécurité pour cause de piste humide ce samedi - les six hommes aux pulls noirs comme la moquette, continuent de travailler devant les écrans de la salle de contrôle à distance.

"Ils nous aident à avoir une vision globale sur la stratégie de course et nous renseignent sur tout ce que les ingénieurs à Rome, focalisés sur la piste, ne peuvent pas voir", s'enthousiasme Thomas Gomis.

autonomie doublée

Le centre DS performance des Yvelines abrite aussi le bureau d'étude, composé d'une quinzaine d'ingénieurs, qui assure la conception des pièces les plus importantes du véhicule, produites ensuite par des fournisseurs extérieurs.

La confidentialité est de mise: sur Google Street View, la façade du bâtiment est floutée. Dans l'atelier, toute photographie est interdite lorsque l'intérieur de la monoplace, qui trône au milieu de la pièce sous des néons d'un blanc puissant, est visible.

"Ce n'est pas un hasard si neuf constructeurs sont engagés en Formule E: ils y trouvent un intérêt en recherche et développement de véhicules électriques", expose Xavier Mestelan Pinon, directeur de DS performance.

"Depuis la création de la compétition (en 2014, ndlr) l'autonomie des batteries a doublé. Les évolutions sont très rapides: avant, on devait changer de batterie en milieu de course", se réjouit-il.

Pour le groupe DS Automobiles, filiale du constructeur Stellantis, l'objectif est clair: "avoir une électrification totale de sa gamme d'ici 2025 et donc une version électrique ou hybride pour chaque modèle", annonce Nathalie Dumas, responsable communication de DS performance.

Un nouveau moteur

Les avancées technologiques de l'équipe scientifique de Satory profitent avant tout aux pilotes. Ce samedi, le Français Jean-Eric Vergne et le Portugais Antonio Félix da Costa ont pris le volant d'un tout nouveau modèle, la DS E-Tense FE21.

Avant le départ du ePrix, Thomas Chevaucher, le directeur technique de DS Performance qui a fait le voyage jusqu'à Rome, se montrait satisfait du nouveau groupe motopropulseur.

"Il se comporte très bien jusqu'ici, c'est un grand pas technologique et on a déjà pu éprouver sa solidité ce matin", riait-il, en référence à la collision dont Vergne a été victime, lors de la première séance d'essais libres.

L'issue de la course est venue confirmer l'optimisme du technicien : le double champion de FE, Jean-Eric Vergne, a remporté son premier ePrix de la saison.

Son coéquipier Antonio Félix da Costa n'a en revanche pas fini la course. Pas de quoi museler - même à si longue distance - les applaudissements de la salle de contrôle de Satory.

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