Paris (awp/afp) - Torpillées par la crise sanitaire, les ventes d'automobiles neuves en France sont retombées à leur niveau de 1975 l'année dernière, marquée aussi par un spectaculaire décollage des hybrides et électriques qui captent désormais plus de 20% du marché.

Un peu plus de 1,65 million de nouveaux véhicules particuliers: il faut revenir 45 ans en arrière, à l'époque où la Renault 5 était la voiture la plus vendue dans l'Hexagone et où des Peugeot 504 diesel faisaient le taxi, pour retrouver un niveau aussi faible.

Entre la fermeture des points de vente lors du premier confinement au printemps et l'attentisme des consommateurs sur fond de crise économique, les immatriculations se sont effondrées de 25,5% par rapport à 2019, selon les chiffres publiés vendredi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).

Quelque 2,2 millions de nouvelles automobiles avaient été mises sur les routes en 2019. Même "durant les crises des années 1990 ou 2000, on n'est jamais tombés en dessous de 1,7 million", a déclaré à l'AFP le directeur de la communication du CCFA, François Roudier.

Les livraisons se sont écroulées de 72% en mars et 88,8% en avril, avant de se redresser pendant l'été et de mieux résister au deuxième confinement.

En décembre, le nombre d'immatriculations est revenu à un haut niveau, à 186.000, en baisse de 11,8% par rapport à un excellent décembre 2019.

Au cours de l'année, les fabricants français PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel) et Renault (avec aussi Dacia et Alpine) ont légèrement mieux résisté que le marché, mais leurs livraisons ont tout de même été amputées respectivement de 25,1% et 24,9% par rapport à 2019.

Quasi triplement des hybrides et électriques

De leur côté, les constructeurs étrangers ont vu leurs immatriculations se contracter en moyenne de 26,1% sur un an. Le premier importateur en volume reste le groupe Volkswagen (avec Audi, Seat, Skoda...) qui s'est toutefois moins bien comporté que la tendance (-28,4%).

FCA (Fiat-Chrysler), qui doit bientôt former avec PSA le quatrième conglomérat automobile mondial, a particulièrement pâti de la crise avec un repli de 41,5%, tandis que Toyota, porté par l'engouement pour les motorisations hybrides, a limité les dégâts à -12,2% sur l'année.

Le quasi triplement de la part des voitures électrifiées, hybrides essence-électricité ou fonctionnant à 100% sur batteries, constitue en effet l'autre développement majeur de l'année 2020 pour le secteur.

Ces modèles ont représenté pas moins de 21,5% des immatriculations l'an passé: 14,8% pour les hybrides et 6,7% pour les électriques.

Parallèlement, la désaffection pour le diesel, ancien moteur préféré des Français, s'est confirmée, à 30,6% de part de marché (-3,5 point sur un an et chute de moitié depuis 2014).

Témoin du succès des électriques, la ZOE de Renault accroche la neuvième place toutes catégories des ventes par modèle. Le podium annuel est constitué de la Peugeot 208 (5,6% des immatriculations), de la Renault Clio (5,1%) et de la Peugeot 2008 (4%).

Pour M. Roudier, les résultats de fin d'année sont moins sombres qu'attendu grâce à "un gros travail des concessionnaires, des concessions, des réseaux".

Par ailleurs, les ventes à prix cassé aux loueurs de véhicules ont été limitées cette année du fait des difficultés de ces derniers, et les constructeurs ont pu écouler leurs véhicules à meilleur prix.

Tout le secteur a tenté de s'adapter aux restrictions sanitaires en favorisant les ventes à distance et les livraisons. La crise a aussi suscité une explosion du marché de l'occasion.

Le secteur de l'après-vente a également été durement touché, avec moins de voitures sur les routes. Selon un baromètre du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA), l'activité mécanique a accusé une baisse de 9,5% de janvier à novembre, et l'activité carrosserie a baissé de 14,3%.

L'industrie automobile dans son ensemble devrait rebondir dans les années qui viennent, mais le retour aux niveaux d'immatriculations d'avant la crise actuelle n'est attendu qu'en 2025, selon Matthias Heck de l'agence Moody's, qui prévoit +10,7% en 2021 et +10,5% en 2022 en France.

afp/rp