Ajoute contexte sur la capacité annoncée de l'usine au 3e paragraphe, dans cette dépêche diffusée le 25 juin

LILLE (awp/afp) - Un millier d'emplois vont être créés d'ici 2024 au sein de l'usine de batteries électriques que le groupe sino-japonais Envision va implanter sur le site Renault Douai (Nord), a annoncé vendredi à l'AFP le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, s'attirant le feu des projecteurs à l'avant-veille des élections régionales.

"Nous avons obtenu que l'usine" Envision AESC, filiale japonaise du groupe chinois Envision, "s'implante pour un site de production de 9 gigawatts", a précisé M. Bertrand, volant la vedette à Emmanuel Macron, qui est attendu lundi à Douai pour le dévoilement officiel du projet, accompagné de trois de ses ministres (Agnès Pannier-Runacher, Gérard Darmanin et Franck Riester).

Une capacité de 9 gigawattheures (GWh) par an serait équivalente à celle de la future usine du concurrent de Renault, Stellantis (né de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler), associé à TotalEnergies dans le Pas-de-Calais, qui vise 8 GWh par an -- des capacités initiales certes inférieures aux grands projets d'autres constructeurs en Europe comme Volkswagen et Tesla.

AESC va fabriquer des batteries (environ 150.000 par an dans un premier temps) pour les gammes compactes du Losange et d'autres marques.

Immédiatement après l'annonce de M. Bertrand, la ministre de l'Industrie Mme Pannier-Runacher a souligné auprès de l'AFP que ce projet était "intégralement porté par l'État".

"C'est un projet qui a été porté depuis trois ans maintenant par le gouvernement, Bruno Le Maire et moi-même, avec une négociation européenne qui a permis d'obtenir de la Commission européenne de faire de ce sujet une priorité industrielle et de nous autoriser à financer les projets", a souligné la ministre.

L'usine Envision sera la pièce maîtresse du pôle "ElectriCity" que Renault va lancer dans le Nord en 2022. Les batteries, ajoutées à l'assemblage de la Mégane et de la R5 électriques, doivent donner un nouveau souffle aux usines de Douai, Maubeuge et Ruitz, qui tournaient au ralenti.

L'Etat devrait accompagner le projet à hauteur de 60 millions d'euros tandis que la région va financer l'opération à hauteur de 35 millions d'euros, a précisé M. Bertrand.

"Il y a comme perspective de passer à 2.500 emplois en 2030 si la capacité de production passe à 24 gigawatts (GWh, NDLR)" dans l'usine d'AESC, a ajouté l'élu, ex-LR.

"La grenouille et le boeuf"

"Certes, les collectivités locales prennent leur part et on les invite à la prendre", a insisté Mme Pannier-Runacher, "mais la stratégie et le développement de ce projet est évidemment porté par le président de la République, le ministre de l'Économie et la ministre de l'Industrie".

"On est un peu surpris de cette volonté de la grenouille de se faire plus grosse que le boeuf", a-t-elle ajouté.

Avec sa visite de l'usine Renault lundi, Emmanuel Macron souhaite "illustrer l'attractivité de la France dans le secteur industriel, sur des segments d'avenir, et ses retombées pour les territoires, en particulier en matière d'emplois", a souligné l'Elysée.

Dans la foulée de ce déplacement, le chef de l'Etat doit se rendre lundi au forum "Choose France", sous patronage de l'Elysée et qui va réunir à Versailles plus d'une centaine de dirigeants d'entreprises étrangères et une cinquantaine de dirigeants de sociétés françaises.

La future implantation d'AESC s'inscrit dans la "construction d'une vallée européenne de la batterie électrique sur les Hauts-de-France", a rappelé Mme Pannier-Runacher, en référence à la méga-usine de production de batteries de Douvrin (Pas-de-Calais), à 30 km de Douai, commune à Stellantis et TotalEnergies.

La création de cet écosystème est "évidemment financé, et accompagné par des financements très importants de l'État dans lesquels la part des collectivités locales est relativement mineure", a-t-elle affirmé.

Renault compte fabriquer 500.000 véhicules par an dans son ElectriCity, soit un sixième de sa production de l'année 2020. Le projet a été approuvé début juin par tous les syndicats du constructeur, même si certains redoutent que tous les salariés ne se retrouvent pas dans le nouveau pôle.

"On prend cela comme une bonne nouvelle pour la région en terme d'emploi", a déclaré David Dubois, secrétaire général de la CGT de Renault à Douai. "Cela aurait été mieux que ce soit français, on ne va pas se mentir. On n'est malheureusement jamais sûrs de rien, que ce soit des Français, des Chinois, des Polonais. Le Pôle Renault Electricity est basé sur cette usine donc s'ils font faux bond, c'est l'ensemble qui s'écroule".

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