Londres (awp/afp) - Astrazeneca prévoit une poursuite de la hausse de ses recettes en 2022 après une année 2021 "record" mais prévient que les ventes et marges des médicaments et vaccins liées au coronavirus devraient reculer.

Le groupe pharmaceutique suédo-britannique a publié jeudi un bénéfice en forte chute pour son exercice 2021 notamment à cause de l'achat coûteux d'Alexion et d'autres charges, mais a enregistré un bond des recettes, en pleine pandémie.

Le bénéfice net part du groupe est ressorti à 112 millions de dollars pour 2021 contre 3,2 milliards de dollars un an plus tôt, tandis que le chiffre d'affaires a grimpé à 37,4 milliards de dollars (+41%), bénéficiant notamment des ventes de vaccins contre le Covid-19.

C'est le plus élevé de l'histoire de l'entreprise et a permis au groupe d'augmenter les versements de dividende pour la première fois en une décennie tout en nous permettant de continuer à investir dans l'avenir", a souligné le directeur général, le Français Pascal Soriot.

"AstraZeneca a continué sur sa forte trajectoire de croissance en 2021", avec notamment cinq médicaments qui passent la barre du "blockbuster", à savoir le milliard de dollars de recettes annuelles, "et l'acquisition d'Alexion", a commenté M. Soriot.

Astrazeneca avait obtenu en juillet le feu vert du Royaume-Uni pour le rachat à 39 milliards de dollars de la biotech américaine Alexion, spécialisée dans les maladies rares.

Lors de la conférence de presse en ligne jeudi, les dirigeants ont précisé que la fusion avec Alexion et la recherche de synergies se focaliserait sur l'approvisionnement et n'aurait qu'un impact minimal sur les emplois.

Le laboratoire, qui a d'abord vendu son vaccin contre le coronavirus au prix de revient, contrairement à ses rivaux, avait indiqué en novembre qu'il commencerait à dégager des bénéfices sur les recettes du sérum, mais que ce bénéfice resterait faible.

Son vaccin, le vaxzevria, n'a pas été retenu pour les doses de rappel au Royaume-Uni, alors qu'il avait été le principal vaccin utilisé dans le pays pour les deux premières doses, aux côtés du Pfizer/BioNTech.

Les pays développés privilégient dorénavant les vaccins à ARNm comme celui de Pfizer, et le sérum d'AstraZeneca est aujourd'hui principalement redirigé vers le programme international Covax, destiné aux pays pauvres.

Les dirigeants du groupe ont dit que la plupart des donations de vaccins dans les pays en développement allaient probablement se terminer d'ici fin mars.

"Aucun regret"

"Les ventes totales de médicaments provenant du Covid-19 devraient reculer d'environ 20 à 25% avec notamment un déclin des ventes de vaxzevria qui devraient être partiellement compensées par la croissance des ventes d'evusheld", médicament destiné aux personnes qui manquent d'anticorps, avertit le groupe.

Astrazeneca souligne aussi que "la majorité des recettes de vaccin en 2022 devrait venir de nouveaux contrats", et prévient que la marge brute des médicaments contre le Covid-19 devrait être inférieure à la moyenne des autres" produits du groupe, même si l'evusheld est plus rentable que le vaccin.

Malgré les critiques et la décision de nombreux pays occidentaux de ne plus utiliser le vaxzevria, Pascal Soriot a dit que le groupe n'avait aucun regret sur le vaccin, ayant déjà distribué plus de 2,6 milliards de doses dans le monde et "contribué à sauver un million de vies".

"Les États-Unis et l'Europe ne représentent que 10% de la population mondiale", souligne-t-il - le vaxzevria n'a jamais été approuvé aux États-Unis - ajoutant que "beaucoup de pays ont encore besoin d'aide avec le vaccin".

L'action bondissait de 3,24% à 8.624,00 pence jeudi à la Bourse de Londres vers 11H00 GMT, bénéficiant notamment de l'augmentation du dividende annoncée jeudi.

AstraZeneca "a fourni des résultats du quatrième trimestre robustes, aidés par la première contribution trimestrielle de" l'acquisition d'Alexion, commente Keith Bowman, analyste chez Interactive investor.

Les ventes du dernier trimestre 2021 ont ainsi bondi de 62%.

M. Bowman remarque toutefois que les prévisions de résultats pour "2022 semblent pencher vers la prudence, probablement à cause des coûts d'investissement dans le développement de nouveaux médicaments".

"Dans l'ensemble, si le développement par Astra d'un vaccin contre le Covid doit être salué, le temps passé à développer et distribuer (ce sérum) a été pris sur les activités centrales du groupe", poursuit l'analyste et l'achat "à un tarif élevé d'Alexion doit encore être justifié", conclut l'analyste.

Laura Hoy, analyste d'Hargreaves Lansdown, note pour sa part que le vaxzevria a dopé de 4 milliards de dollars les ventes d'Astrazeneca mais que le coronavirus "a eu l'effet opposé sur son bénéfice", entraînant une fort hausse des coûts pour les produits de protection pour ses employés en plus des investissements dans les vaccins et traitements.

afp/rp