Francfort (awp/afp) - Le géant bancaire allemand Deutsche Bank vise toujours plus haut après avoir annoncé jeudi son meilleur bénéfice net en quinze ans au terme d'une année 2022 mouvementée. L'établissement de Franfort se dit confiant de continuer de glaner les fruits de son repositionnement.

"La transformation de Deutsche Bank au cours des trois dernières années et demie a été un succès", a déclaré le PDG Christian Sewing au terme d'un exercice bouclé par un bénéfice net part du groupe multiplié par 2,6 sur un an, à 5,03 milliards d'euros, soit le meilleur millésime depuis 2007. Rapporté aux fonds propres, le ratio de rentabilité atteint 9,4%, dépassant la cible de 8% visée en 2019, quand la banque encore dans le rouge avait lancé une profonde restructuration.

Il s'agissait de se redonner un profil plus européen et moins sujet aux risques, après les affres causés par d'innombrables scandales dans sa banque d'investissement. Certes, un effet fiscal de 1,4 milliard d'euros aux Etats-Unis en 2022 permet de dépasser l'objectif de rentabilité, mais l'évolution "reflète somme toute nos meilleures perspectives de bénéfices", a souligné M. Sewing lors d'une conférence de presse.

Il a réitéré sa confiance dans la possibilité d'atteindre une rentabilité nette supérieure à 10% en 2025, selon l'objectif formulé l'an dernier.

Les grandes entreprises aident

Le rebond durable de la banque, qui a dégagé l'an dernier son troisième exercice positif consécutif, a reposé en 2022 sur la hausse des recettes de 7%, à 27,2 milliards d'euros. C'est leur meilleur niveau depuis 2016 même si la banque a depuis abandonné des pans de son activité, en premier lieu le lucratif négoce sur actions.

Mais Deutsche Bank a profité, comme ses concurrentes, de la rapide hausse des taux d'intérêt initiée par la Banque centrale européenne face à l'inflation élevée. Les recettes de sa division des grandes entreprises ont ainsi bondi de 23% sur un an, avec une part supérieure à 50% dégagée en accompagnant des clients hors de l'Allemagne.

La banque d'investissement a fait moins bien, ses recettes en hausse de 4% étant tirées par le négoce de produits de taux et de devises, qui ont compensé un recul dans le conseil et l'accompagnement d'émissions. M. Sewing n'a toujours pas digéré le fait que sa banque n'ait joué qu'un rôle très secondaire lors de l'imposante entrée à la Bourse de Francfort du fabricant de bolides de luxe Porsche en septembre dernier.

Ailleurs les revenus dans la banque de détail ont progressé de 11% mais régressé de 4% dans la gestion d'actifs, qui a pâti d'un environnement déprimé sur les marchés et de la démission de son dirigeant suite à une affaire de "greenwashing". Le groupe n'a pas lâché la bride sur les charges, qui ont reculé de 5% hors provision sur le risque, en raison d'un net recul des dépenses liées sa lourde restructuration.

Le contexte de guerre en Ukraine et les risques de récession en Europe ont cependant conduit le groupe à constituer 1,2 milliard d'euros de provisions sur l'année, contre 515 millions un an plus tôt.

Objectifs en hausse

Deutsche Bank compte améliorer ses performances en 2023, avec des recettes attendues entre 28 et 29 milliards d'euros et des coûts sensiblement au niveau de l'année précédente, tout comme la provision pour risques. A plus long terme, les charges doivent encore baisser de "plus de 2 milliards" en rythme annuel d'ici 2025, sans exclure que cela passe par des licenciements, selon M. Sewing.

La banque comptait en décembre 84'930 employés, après avoir réduit de près de 10'000 ses effectifs depuis 2019, moins que les 18'000 annoncés initialement.

A Francfort, le titre perdait jusqu'à 5% en matinée à 11,60 euros, subissant des prises de bénéfices après un bond de 13% depuis janvier.

afp/vj