PARIS (awp/afp) - Usines fermées, salariés renvoyés chez eux, prévisions de bénéfice sabrées: les entreprises tentent tant bien que mal de faire face à l'épidémie de nouveau coronavirus qui va affecter durablement leur activité, voire menacer la survie de certaines d'entre elles.

Production suspendue

Dans le monde entier, les chaînes de montage d'automobiles s'arrêtent.

Les trois géants américains - General Motors, Fiat Chrysler et Ford - suspendent leur production de voitures en Amérique du Nord jusqu'à la fin du mois au moins.

Côté européen, la plupart des constructeurs ont fermé leurs usines et leur association (ACEA) a prévenu vendredi que près de 14 millions d'emplois étaient en jeu et réclamé un soutien financier.

"Deux à trois semaines" de fermeture pour la "plupart" des usines européennes de Volkswagen, qui s'attend à un bénéfice opérationnel "au moins divisé par deux" au premier trimestre. Décision similaire pour Daimler tandis que BMW va fermer ses sites en Europe et en Afrique du Sud, soit la moitié de ses capacités de production, jusqu'au 19 avril.

Côté français, PSA ferme tous ses sites de production en Europe et Renault arrête ses sites en France et au Maroc jusqu'à nouvel ordre.

Nissan et Ford ont également fermé des sites en Europe.

Marasme aussi dans le secteur aérien: Airbus a annoncé lundi suspendre la production pendant quatre jours en France (48.000 employés) et en Espagne (2.700 employés).

Dans le luxe, Gucci (groupe Kering) a fermé tous ses sites de production jusqu'au 20 mars et Chanel ferme l'ensemble de ses sites de production en France, en Italie et en Suisse (horlogerie) pendant "deux semaines et de manière progressive".

Hermès va fermer jusqu'à fin mars tous ses sites français, soit une quarantaine de manufactures et de tanneries employant 9.500 personnes.

Transports réduit à peau de chagrin

L'activité d'Air France est réduite progressivement cette semaine pour atteindre à "partir de lundi 10% de l'offre en sièges".

La compagnie low-cost Ryanair va suspendre à partir du 24 mars la quasi-totalité de ses vols. Décision similaire pour la plus importante compagnie australienne, Qantas.

La compagnie allemande FlixBus, et BlaBlaBus ont cessé leurs opérations en France "jusqu'à nouvel ordre".

Du côté du transport ferroviaire, seulement 15% des trains grandes lignes était assurés, peu de TER et quasiment plus de liaisons vers l'étranger, a indiqué la SNCF.

Boutiques et hôtels fermés

Adidas a décidé de fermer temporairement ses magasins propres et ceux de la marque Reebok en Europe et en Amérique du Nord. Nike va faire de même aux Etats-Unis, au Canada, en Europe, Australie et Nouvelle-Zélande, jusqu'au 27 mars.

Apple, a lui, fermé tous ses magasins hors de Chine jusqu'au 27 mars. Lego ferme 150 boutiques dans le monde - autrement dit partout sauf en Chine.

Comme d'autres grands magasins, la boutique de luxe londonienne Harrods, qui était restée ouverte pendant le Blitz, ferme ses portes.

Fnac Darty a fermé l'ensemble de ses magasins physiques en France, en Espagne et en Belgique "jusqu'à nouvel ordre". Le groupe a mis en place un dispositif de chômage partiel "qui concerne plus de 80% de ses effectifs en France".

A Cannes, sur la Côte d'Azur, la totalité des hôtels 5 étoiles ont fermé. Sur le "Strip" de Las Vegas, établissements haut de gamme et casinos ne sont pas épargnés.

Congés, chômage partiel, licenciements

Comme Fincantieri, la compagnie russe Aeroflot a demandé à ses employés d'utiliser leurs congés.

Ryanair va geler les embauches, proposer "des départs volontaires", des "suspensions temporaires de contrat et des réductions significatives des heures de travail".

Environ 10.000 salariés de Delta Air Lines, soit 11% de ses effectifs, ont quitté l'entreprise via un plan de départs volontaires.

Air Canada va mettre au chômage technique plus de 5.100 agents de bord, soit la moitié de ses effectifs

De même, chez l'opérateur Qantas, quelque 20.000 salariés sur 30.000 vont être mis au chômage technique pendant l'arrêt des vols internationaux.

Le gestionnaire des aéroports parisiens ADP va mettre à partir de lundi 80% de ses salariés au chômage partiel pour une durée de six mois maximum.

De son côté, le premier équipementier automobile mondial Bosch, qui va fermer des usines, veut encourager ses salariés à prendre des congés et réduire leur temps de travail, avant de mettre en place un plan de chômage partiel.

Plans d'économie

Afin de desserrer l'étau, les groupes mettent aussi en place des plans d'économie.

Le groupe Air France-KLM se démène pour "sécuriser sa trésorerie" en prévoyant 200 millions d'euros d'économies pour 2020 et une réduction de 350 millions d'euros de son plan d'investissement 2020.

Pour préserver la liquidité, Lufthansa prévoit de ne pas verser de dividende au titre de son exercice 2019 tandis que le fabriquant de turbines MTU étudie le gel du paiement.

Le groupe allemand TUI, numéro un mondial du tourisme aux 70.000 salariés, a aussi annoncé des mesures "drastiques" de réduction de coûts et a suspendu "la plus grande partie" de ses activités.

FedEx a prévu de retirer de sa flotte des vieux avions et les aéronefs les moins économes en carburant, diminuer les coûts de livraison des paquets aux particuliers en confiant à sa branche "FedEx Ground", livraison par route, tous les services de livraison à domicile.

Les Etats à la rescousse

Appelés à la rescousse, les Etats multiplient les déclarations volontaristes.

L'Italie entend nationaliser Alitalia. En France, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, n'exclut pas de nationaliser "si nécessaire" certaines grandes entreprises en danger.

Boeing a demandé de l'aide à la Maison Blanche tandis que les compagnies aériennes américaines sollicitent un plan de sauvetage de 50 milliards de dollars.

Le gouvernement néo-zélandais va prêter 900 millions de dollars néo-zélandais (479 millions d'euros) à la compagnie aérienne Air New Zealand pour l'aider à survivre.

Lufthansa pourrait demander à bénéficier d'aides d'État dans les pays européens où elle opère.

TUI va demander des prêts garantis par l'Etat "jusqu'à ce que l'activité ait pu reprendre normalement".

Le gouvernement allemand a promis une enveloppe "sans limite" de prêts distribués par sa banque publique, KfW, qui disposera pour démarrer d'une réserve de 550 milliards d'euros.

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