Par Julien Marion

PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'aventure russe s'achève pour Renault. Le constructeur automobile a annoncé lundi la cession de l'ensemble de ses activités dans le pays aux autorités locales, une décision qui le prive de son deuxième marché en termes de volumes. Mais le groupe au losange a ouvert la porte à un potentiel retour, via une option de rachat valable pour six années.

L'industriel français a cédé 100% des parts de Renault Russie à la ville de Moscou tandis que sa participation de 67,69% dans le constructeur russe Avtovaz a été transférée à NAMI, un institut de recherche automobile qui dépend du ministère russe de l'Industrie.

Renault n'a pas communiqué le moindre montant lié à ces opérations. Denis Manturov, le ministre russe de l'Industrie, avait néanmoins indiqué fin avril à l'agence de presse Interfax, que la vente de la participation d'Avtovaz pourrait s'effectuer pour un rouble symbolique.

"La réalisation de ces transactions n'est soumise à aucune condition, et toutes les autorisations requises ont été obtenues", a ajouté Renault.

Lourde charge en vue au premier semestre

Renault s'est toutefois gardé la possibilité de revenir dans le pays: l'accord signé avec l'institut NAMI prévoit que le constructeur pourrait racheter sa participation dans Avtovaz "à certaines périodes au cours des six prochaines années". Le groupe n'a pas communiqué les modalités de cette option de rachat.

"Dans les années à venir, il est peu probable que le marché russe connaisse une expansion, le potentiel de cette option paraît limité", juge un analyste parisien. "La probabilité d'un retour est faible même si une période de six années reste longue", considère de son côté un analyste basé à Londres. "Cette option permet probablement au groupe de sauver la face", ajoute-t-il.

Renault a par ailleurs confirmé qu'une "charge d'ajustement non cash correspondant à la valeur des immobilisations incorporelles, corporelles et 'goodwill' consolidés du groupe en Russie" serait enregistrée dans ses comptes du premier semestre 2022. Cette valeur s'élevait à 2,2 milliards d'euros au 31 décembre 2021, a souligné le groupe.

Un "soulagement coûteux"

En actant son retrait de Russie, Renault renonce à son deuxième marché en termes de volumes, derrière la France, avec plus de 480.000 véhicules vendus en 2021. En termes de revenus, la Russie a représenté l'an passé un chiffre d'affaires de 4,55 milliards d'euros soit 9,9% du total consolidé.

"Aujourd'hui, nous avons pris une décision difficile mais nécessaire ; et nous faisons un choix responsable envers nos 45.000 salariés en Russie, tout en préservant la performance du groupe et notre aptitude à revenir dans le pays à l'avenir, dans un contexte différent", a déclaré le directeur général de Renault, Luca de Meo, cité dans le communiqué.

Bien que sans surprise et largement anticipée, la sortie de Renault de Russie est positive pour l'action du groupe, juge Stifel. L'intermédiaire financier évoque un "soulagement coûteux en amont d'un cinquième cycle de sanctions qui devrait bientôt être imposé à la Russie".

A la Bourse de Paris, l'action Renault gagne 0,7% à 23,76 euros, alors que le CAC 40 est pour sa part à l'équilibre. "Le marché avait déjà effacé la totalité de la valorisation des activités russe de Renault", rappelle l'analyste basé à Londres.

Le groupe a par ailleurs confirmé ses perspectives financières, qu'il avait abaissées le 23 mars dernier, à la suite de l'annonce de la suspension de ses activités en Russie.

"En avance sur ses objectifs moyen-terme Renaulution, Renault Group présentera, lors d'un Capital Market Day à l'automne 2022, la mise à jour de ses perspectives financières et de sa stratégie le positionnant comme un acteur de référence compétitif, tech et durable", a en outre rappelé le constructeur.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH

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May 16, 2022 05:10 ET (09:10 GMT)