Zurich (awp) - Rieter est parvenu à accroître son chiffre d'affaires l'an dernier, mais les commandes ont été freinées par l'inflation et le ralentissement des investissements. Le fabricant winterthourois de machines textiles a également annoncé l'arrivée de l'ex-dirigeant de Schindler à sa tête dès mars.

"Les entrées de commandes ont été très faibles ces derniers temps", a expliqué mercredi le directeur général Norbert Klapper, qui va quitter l'entreprise après neuf ans à sa tête. Il a pointé le poids des coûts de financement, qui entrave les souhaits d'investissements des clients. Le taux d'utilisation des machines textiles est tombé à 65% selon lui, contre 80% habituellement.

En outre, des renégociations de prix ont conduit à quelques annulations. "En revanche, nous avons de meilleures marges dans le carnet de commandes", a-t-il ajouté. Il voit également une lueur d'espoir dans la baisse de certains coûts, comme le fret maritime qui retrouve les tarifs de janvier 2020. L'indice de prix d'un conteneur pour un trajet de Shanghai à Rotterdam atteint 2000 dollars, comparé à près de 14'000 dollars il y a un an. Un recul apprécié par Rieter qui expédie environ 500 conteneurs depuis la Chine par mois.

En 2022, les recettes du groupe ont crû de 56% à 1,51 milliard de francs suisses, tandis que les entrées de commandes ont plongé de moitié à 1,15 milliard, a indiqué l'industriel zurichois.

En raison de l'inflation, "le carnet de commandes exceptionnellement élevé de 1,8 milliard début 2022 a été traité à des coûts nettement plus élevés", qui n'ont pu être "compensés qu'en partie par des augmentations de prix et d'autres mesures correctives". Il a aussi été nécessaire de compenser de "graves goulets d'étranglement, en particulier dans le domaine des composants électroniques", ce qui a entraîné d'importantes dépenses supplémentaires. De plus, des frais conséquents ont été engagés pour les entreprises reprises (Accotex, Temco et Winder).

Le groupe a accéléré en seconde partie d'année, engrangeant 890,3 millions de ventes, après 620,6 millions au premier semestre. Fin 2022, le carnet de commandes de Rieter atteignait 1,54 milliard.

Ces résultats sont mitigés par rapport au consensus de l'agence AWP. Les ventes ont fait mieux que prévu, dépassant les prévisions les plus optimistes, mais les entrées de commandes ont fortement déçu, en deçà des prévisions les plus pessimistes.

Changement de patron

La direction s'attend à une marge d'exploitation (Ebit) autour de 2% pour 2022, à comparer à 4,9% en 2021. Elle livrera plus de détails le 9 mars.

Concernant 2023, l'accent sera mis sur l'amélioration des marges et un travail important sur le carnet de commandes. M. Klapper a souligné l'importance du salon ITMA de Milan en juin, dédié au textile, qui doit donner de nouvelles impulsions aux prises d'ordres.

Norbert Klapper, qui souhaite poursuivre d'autres opportunités professionnelles, conseillera le président du conseil d'administration de Rieter jusqu'à fin septembre. Son successeur Thomas Oetterli, qui a été pendant six ans à la tête du fabricant lucernois d'ascenseurs et d'escaliers roulants Schindler, siégera également au conseil d'administration de Rieter.

"Compte tenu des défis auxquels Rieter est confronté dans la situation économique et de marché actuelle, qui nécessitent une coopération étroite entre le conseil d'administration et le comité exécutif", la double fonction de M. Oetterli "est avantageuse et dans l'intérêt de toutes les parties prenantes", selon le communiqué.

Sa candidature sera proposée lors de l'assemblée générale du 20 avril. Le Suisse préside déjà le conseil d'administration du spécialiste de l'outillage SFS depuis l'an dernier.

Walter Bamert de la Banque cantonale de Zurich se dit confiant quant à l'évolution du chiffre d'affaires et de la rentabilité de Rieter dans les prochains mois, au vu du carnet de commandes. Malheureusement, selon l'analyste, la visibilité est "très limitée, même pour la direction". L'effondrement de la dynamique des prises d'ordres pourrait être tout au plus freiné par de bonnes ventes conclues lors de la foire milanaise. Il va relever ses estimations pour l'année en cours, mais les réduire pour 2024.

A la Bourse de Zurich, les investisseurs n'ont clairement pas goûté les nouvelles du jour. L'action a fini la séance en chute de 11,7% à 102,40 francs suisses, dans un SPI en recul de 0,18%.

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