Zurich (awp) - Roche aura connu un exercice difficile en 2020. Effets délétères de la pandémie de coronavirus sur l'administration de médicaments, concurrence exacerbée des biosimilaires et vents monétaires contraires, ont percé des voies d'eau dans les revenus du paquebot pharmaceutique rhénan, que n'ont pu colmater l'explosion de la demande et de l'offre maison en matière de tests sur la franchise Covid-19.

"L'angoisse des consultations a constitué en 2020 et représente toujours un lourd handicap pour l'unité Pharma", a reconnu le timonier Severin Schwan en téléconférence de bilan. Ce phénomène a privé la division de deux milliards de francs suisses de recette l'an derniers.

Le manque à gagner induit par la concurrence de versions biosimilaires de Mabthera/Rituxan, Avastin et Herceptin a atteint 5,1 milliards de francs suisses pour les seuls débouchés aux Etats-Unis, en Europe et au Japon, soit nettement plus que les 4,7 milliards invoqué en octobre dernier.

Enfin, l'appréciation du franc face à la plupart des monnaies a émargé le chiffre d'affaires comptabilisé au niveau du groupe de plus de cinq points de pourcentage.

Le chiffre d'affaires total s'est ainsi affaissé de 5% à 58,32 milliards de francs suisses, indique le rapport annuel diffusé jeudi. Hors effets de changes, le groupe rhénan revendique une croissance de 1%.

Une pandémie, des symptômes opposés

Les ventes de médicaments comptabilisées par l'unité Pharma ont chuté de 8% (-2% à taux de changes constants) à 44,53 milliards, quand les dispositifs de diagnostics ont progressé de 6% (+14% tcc) à 13,79 milliards.

Le déclin des moteurs de ventes médicamenteux a été en partie compensé par l'envol de 24% des recettes de l'Ocrevus à 4,3 milliards, de 55% du Tecentriq à 2,74 milliards ou encore de 68% de l'Hemlibra à 2,19 milliards. Côté diagnostic, l'envol de 78% des recettes de la subdivision Molecular Diagnostics trahit l'explosion de la demande dans le domaine de la virologie, Sars-Cov-2 en tête.

Sur le front de la rentabilité, l'excédent d'exploitation (Ebit) de base s'est affaissé de 4% à 21,54 milliards. Le bénéfice net par contre a profité d'un allègement des amortissements pour s'enrober de 7% à 15,07 milliards. Le conseil d'administration proposera un dividende agrémenté de 10 centimes à 9,10 francs suisses par bon de jouissance.

Appétits reconduits

Pour l'exercice en cours, la direction calque ses ambitions sur celles de l'an dernier. La croissance hors effets de changes doit s'établir dans une fourchette de 1 à 5%, nonobstant un impact persistant des biosimilaires. Le bénéfice par bon de jouissance de base doit suivre une progression similaire et les actionnaires pourront compter sur une nouvelle augmentation de leur rémunération.

La normalisation de la situation sanitaire attendue à compter de la mi-parcours devrait certes offrir une bouffée d'air à l'unité Pharma, mais aussi brider l'élan de Diagnostics.

"Nous anticipons un maintien de la forte demande sur les deux premiers partiels de 2021, mais le déploiement des vaccins anti-Covid-19 induira tôt ou tard un ralentissement dans le domaine des tests", a ainsi prévenu Thomas Schinecker, à la tête de ce département.

Les analystes déplorent à l'unisson une conjonction de vents contraires plus destructrice que prévu. La richesse de l'incubateur de produits à des stades avancés de développement n'est pas étrangère au maintien par la plupart d'entre eux de leurs recommandations d'achat.

Severin Schwan a estimé, lors de la conférence destinée aux analystes, qu'à partir de 2022, le groupe allait "accélérer". Il mise sur des résultats d'études sur les maladies d'Alzheimer et de Huntington attendus l'année prochaine.

Quant au chef de la pharma Bill Anderson, il a précisé que les biosimilaires concurrents s'affichaient "avec un rabais allant jusqu'à 85% dans certains cas".

A la Bourse, le bon de jouissance Roche a connu une séance en dents de scie. Il a terminé en hausse de 2,2% à 316,25 francs suisses, dans un SMI en progression de 0,79%.

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