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PARIS (Agefi-Dow Jones)--A contre-saison. Après un été au tison, Sanofi achève l'automne au balcon. Le titre du laboratoire pharmaceutique français s'adjuge 5,7% à 90,28 euros mercredi, porté par la décision d'un tribunal de Floride de classer sans suite des milliers de plaintes liées aux effets secondaires du Zantac, un traitement des brûlures d'estomac retiré du marché américain en 2020.

En août dernier, l'annonce de ces litiges susceptibles de coûter plusieurs milliards de dollars à Sanofi avait fait plonger la valeur de 15% à la Bourse de Paris.

Sanofi n'était pas le seul groupe concerné par l'affaire du Zantac, accusé d'être cancérigène. Le britannique GSK, via son ancienne division de santé grand public Haleon, l'américain Pfizer et l'allemand Boehringer Ingelheim, également distributeurs du Zantac à un moment ou à un autre, étaient eux aussi visés. A Londres, l'action GSK grimpe de 7,9% à 1.498 pence, et Haleon gagne 3,5% à 305 pence.

Ces laboratoires ont commercialisé le Zantac pendant des décennies, d'abord sur ordonnance puis en vente libre, avant le retrait du marché décidé en 2020 par les autorités sanitaires américaines. Depuis, des milliers de patients ont accusé le médicament, utilisé notamment contre les ulcères, d'être cancérigène. Une juge fédérale de Floride a toutefois considéré mardi que les données scientifiques disponibles ne permettaient pas d'étayer ces allégations.

"Aucun scientifique extérieur à cette procédure n'a conclu que la Ranitidine provoquait le cancer", a écrit la juge Robin Rosenberg dans sa décision, en faisant usage du nom générique du Zantac. La décision de plus de 300 pages rendue mardi critique également la méthodologie des scientifiques cités par les plaignants pour appuyer leurs demandes.

Dans un communiqué, le laboratoire français s'est dit satisfait de la décision du tribunal. "Ces types de cancer étaient ceux pour lesquels les plaignants pensaient avoir les preuves les plus solides, et pourtant les preuves étaient insuffisantes. Cette décision réduit de manière significative l'étendue du litige, potentiellement de plus de 50%, et étaye les défenses scientifiques de Sanofi contre les allégations formulées", a indiqué Sanofi, qui "reste attaché à sa défense et à la sécurité du Zantac".

Dans un communiqué séparé, GSK a également "salué" le verdict du tribunal.

Un poids en moins

Les deux groupes ont de quoi se réjouir. Credit Suisse souligne que Sanofi et GSK se négociaient avant l'annonce avec une décote respective de 38% et 27% par rapport au secteur européen de la pharmacie, en raison en partie des risques associés au Zantac. L'intermédiaire financier avait intégré 5 milliards de dollars de coûts liés à ce traitement dans son estimation de la valeur actuelle nette de chacun des deux groupes, soit respectivement 4,5% de la capitalisation boursière de Sanofi et 7,1% de celle de GSK.

De son côté, Jefferies avait chiffré les retombées financières de ces litiges entre 500 millions de dollars et 8 milliards de dollars pour Sanofi et entre 1 milliard et 17 milliards de dollars pour GSK. La banque estime que le verdict rendu en Floride, qui pourrait être suivi par plusieurs autres tribunaux, notamment dans le Delaware où plus de 40.000 plaignants ont été recensés, permettrait de supprimer plus de 80% de la décote attribuée à Sanofi et GSK à cause du Zantac.

UBS estime également que cette décision de justice constitue un point positif pour les deux laboratoires. Pour autant, la banque suisse rappelle qu'aux Etats-Unis, les litiges portés devant divers tribunaux peuvent s'éterniser, à l'image du scandale du glyphosate dans lequel a été empêtré Bayer de longues années à force de décisions contradictoires.

Dans ce cadre, UBS estime qu'une décision de la justice californienne, attendue en début d'année prochaine, pourrait être déterminante. Jefferies précise que la Californie est l'Etat qui apparaît être le plus susceptible d'adopter une position plus favorable aux plaignants, au détriment des laboratoires.

Si la Floride a éteint le feu du Zantac, la Californie pourrait ranimer ses braises encore chaudes.

-Pierre-Jean Lepagnot, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 48 25; vvenck@agefi.fr ed: VLV

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December 07, 2022 08:55 ET (13:55 GMT)