Zurich (awp) - Alors que la phase des taux négatifs a pris fin, la Banque nationale suisse (BNS) estime que la différence de taux entre la Suisse et l'étranger pourrait à nouveau augmenter.

Dans une interview à la NZZ, le président de la BNS Thomas Jordan a indiqué - à la question de savoir si d'autres banques centrales allaient augmenter leurs taux plus fortement que la BNS et que la différence de taux allait à nouveau augmenter - que si l'environnement international de politique monétaire devient moins expansif à l'avenir, il est possible que la différence de taux entre l'étranger et la Suisse augmente, comme cela a souvent été le cas par le passé.

Pour ce qui est de la perte de pouvoir d'achat de la population, avec un taux directeur actuel de 0,5% et une inflation de 3,5%, et à la question de savoir si cette situation pourrait durer, M. Jordan a rappelé que la BNS pratique une politique monétaire avec pour objectif la stabilité des prix sur le moyen terme. Actuellement, on n'en est pas encore là et il n'est pas exclu que de nouvelles hausses de taux soient nécessaires pour ramener l'inflation sous 2%.

Où se situera alors le niveau réel des taux, la BNS ne le sait pas. Il n'y a jamais de garantie que l'épargne rapporte un taux réel positif.

M. Jordan estime par ailleurs que la politique monétaire actuelle n'a plus d'effet stimulant sur l'économie. La conjoncture faiblit cette année et probablement en 2023. Ce qui est important actuellement, c'est de savoir si le niveau nominal des taux et le taux de change élevé suffiront pour amortir suffisamment l'inflation.

Le président de la BNS estime en outre que la BNS n'a pas adapté sa politique monétaire trop tard. Dès l'automne 2021, elle a laissé le franc se raffermir nominalement comme première mesure, afin de contrer les effets de la hausse de l'inflation à l'étranger. Cela a permis de réduire l'inflation importée, mais il est clair qu'il est impossible d'empêcher totalement cet effet secondaire.

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