Zurich (awp) - Après un statu quo de plus de sept ans, la Banque nationale suisse (BNS) pourrait procéder à un premier relèvement de son taux directeur plus tôt que prévu, à en croire les économistes d'UBS. Ce resserrement monétaire interviendrait dans un contexte d'inflation galopante aux Etats-Unis et en zone euro.

La BNS pourrait ainsi serrer la vis au début de l'automne, relevant son taux directeur de 0,25 point de pourcentage lors de l'évaluation trimestrielle du 22 septembre, selon des prévisions publiées par UBS jeudi. Cet indicateur passerait ainsi à -0,50%, contre -0,75% actuellement, un niveau qu'elle conserve depuis le printemps 2015. La grande banque s'attendait initialement à une première hausse en décembre.

En Suisse, le renchérissement est nettement plus faible qu'outre-Atlantique ou que dans la zone euro. La pression monte cependant sur l'institut d'émission pour mettre progressivement fin aux taux négatifs, une situation prévalant depuis plus de sept ans.

En avril, l'inflation en Suisse a atteint 2,5%, un niveau supérieur à la marge de fluctuation de 2,0% visée par la banque centrale helvétique. Néanmoins, la BNS pourrait attendre avant d'entamer la normalisation de sa politique monétaire, puisque le renchérissement est attendu à 1,0% en 2023.

Dans le sillage de la BCE

"Nous partons toutefois du principe que la BNS utilisera la marge de manoeuvre dégagée par les hausses de taux de la Banque centrale européenne (BCE) pour sortir des taux négatifs", estiment les spécialistes du numéro un bancaire helvétique. Selon de nombreux observateurs, la BCE devrait procéder à une première hausse de taux en juillet, suivie d'une deuxième en septembre.

Les économistes d'UBS affirment que la BNS va elle-même annoncer un relèvement à chaque évaluation trimestrielle, portant son taux directeur à +0,50% d'ici la fin de l'année prochaine.

La normalisation de la politique monétaire en Suisse semble convaincre de plus en plus de grands établissements bancaires. Credit Suisse prévoit un relèvement initial en décembre et la fin des taux négatifs à fin 2023, tandis que Commerzbank table sur un premier resserrement en juillet déjà.

Le président du directoire de la BNS, Thomas Jordan, a indiqué surveiller très attentivement l'évolution de l'inflation, selon des propos relayés mercredi par l'agence Reuters. Afin d'appliquer sa politique monétaire, l'institut a toujours besoin des taux négatifs et d'interventions sur le marché des devises, a-t-il ajouté.

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