Zurich (awp) - La Banque nationale suisse (BNS) a maintenu jeudi sa politique monétaire inchangée, mais s'est déclarée un peu plus optimiste concernant la reprise économique au niveau mondial et dans la Confédération, même si le niveau d'incertitudes demeure élevé.

En matière de politique monétaire, l'institut d'émission helvétique a misé sur la continuité en conservant son taux directeur et le taux d'intérêt négatif appliqué aux avoirs à vue à -0,75%.

"Comme le franc s'inscrit toujours à un niveau élevé, (la BNS) reste disposée à intervenir de manière accrue sur le marché des changes, en tenant compte de la situation pour l'ensemble des monnaies", a précisé l'institut d'émission helvétique dans un communiqué.

La BNS continue également à approvisionner "généreusement" en liquidités le système bancaire dans le cadre de la facilité de refinancement BNS-Covid-19 (FRC) et intervient "ponctuellement" sur le marché des pensions de titres.

Alors que sa politique monétaire demeure sans changement, la banque centrale helvétique a par contre quelque peu ajusté à la hausse ses prévisions de croissance et d'inflation.

Le produit intérieur brut (PIB) du pays est désormais attendu à -5% cette année, contre -6% auparavant, tandis que l'inflation devrait s'inscrire à -0,6%, après -0,7% anticipé en juin.

A plus long terme, l'inflation devrait revenir tout juste dans la zone positive (+0,1%) en 2021 et continuer d'augmenter légèrement en 2022 (+0,2%). Lors des anticipations de juin, l'inflation de l'année prochaine était à -0,2% tandis que celle de 2022 était la même.

"La situation se présente aujourd'hui d'une manière moins négative qu'il y a encore trois mois. L'effondrement (conjoncturel) a été moins pire que pronostiqué, mais la reprise devrait être un peu moins prononcée", a dit Thomas Jordan, le président de la direction générale de la BNS, lors d'une conférence de presse téléphonique.

Après avoir atteint le creux de la vague au deuxième trimestre en raison de la pandémie de coronavirus, l'économie suisse et mondiale devrait afficher un "solide rebond" au troisième partiel, a estimé le patron de l'institut d'émission.

M. Jordan a cependant averti qu'il faudra un certain temps avant que le produit intérieur brut (PIB) de la Suisse atteigne son niveau d'avant la crise sanitaire. D'autant plus que plusieurs risques subsistent comme une deuxième vague de contamination au Covid-19 et les incertitudes politiques comme l'élection présidentielle en novembre aux Etats-Unis et les négociations sur le Brexit.

Une inflation très basse

Hormis une politique monétaire accommodante, l'institut d'émission suisse a généreusement approvisionné les marchés en liquidités. La masse monétaire a enflé d'environ 100 milliards de francs suisses depuis l'éclatement de la pandémie en début d'année. En tout, les mesures de la BNS représentent à peu près 15% du PIB helvétique.

Grâce à ces mesures, la banque centrale n'a pas constaté de resserrement des conditions de crédit pour les entreprises, a souligné Thomas Jordan.

"La BNS va mettre en oeuvre de manière conséquente tous ses instruments (de politique monétaire) pour faire face à cette situation difficile", a-t-il insisté.

Les économistes s'attendaient dans l'ensemble au statu quo en matière de politique monétaire. "L'élément intéressant de la réunion de septembre a été la révision à la hausse des prévisions de PIB et d'inflation", ont indiqué les spécialistes de la banque ING.

L'établissement néerlandais souligne cependant que les anticipation d'inflation de 0,2% à l'horizon 2022 "sont faibles, très faibles" et que l'objectif d'un renchérissement des prix d'environ 2% "devient de moins en moins crédible".

Pour les spécialistes de la Banque cantonale de St-Gall, la prise en compte par la BNS de la situation pour l'ensemble des monnaies dans le cadre de ses interventions constitue "un élément essentiel". La BNS élargit son champs d'appréciation des devises pour prendre en compte d'autres monnaies comme le dollar et non seulement l'euro, a précisé l'établissement.

La situation ne devrait guère changer dans les prochains mois, la banque centrale suisse ayant peu de nécessité d'ajuster sa politique monétaire, ont conclu les économistes de VP Bank.

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