Comme toujours en temps de crise, l’adage ‘cash is king’ s’impose aux directions financières. C’est dans ce contexte que l’émergence des logiciels ‘Order-to-Cash’ s’accélère, 5% seulement des entreprises ayant recours à ce type de services. La plateforme collaborative en SaaS de Sidetrade, née en 2000 pour améliorer la relation financière au client et réduire les délais de paiement, élargit depuis 2016 son offre à l'intégralité du cycle client. En s’appuyant sur des milliards de données valorisées par l'intelligence artificielle, Sidetrade permet à ses abonnés, principalement des grands comptes, de détecter des opportunités de ventes additionnelles auprès de leurs clients existants, d’identifier les clients à risque et d'accélérer la génération de cash par le réduction des retards de paiement. Le potentiel semble colossal pour ce petit acteur français dont le CA n’était encore que de 29,2M€ en 2020. Un potentiel que le marché a fortement revalorisé depuis un an avec une capitalisation boursière qui a presque triplé pour atteindre les 220 M€. Encore loin des niveaux atteints outre-Atlantique pour ce type d’acteurs…

Olivier Novasque, l’exercice 2020 s’est bien passé pour vous, notamment en termes de profitabilité. Le levier opérationnel de la croissance sur la marge opérationnelle du groupe va-t-il se prolonger en 2021 ?

« Effectivement, après le choc des premiers mois de la crise sanitaire, nous avons pleinement profité de la dynamique des prises de commande extrêmement favorable de 2019 qui nous a permis de croitre de 14% en organique sur l’année 2020. La bonne maîtrise des charges opérationnelles, compte tenu du décalage d’embauches sur 2020, d’économies liées aux restrictions de déplacement et de la rationalisation de notre R&D, a permis à l’effet de levier de jouer à plein pour atteindre une marge opérationnelle de 12.3%. Malgré un carnet de commande en hausse à fin 2020, lequel mécaniquement viendra augmenter notre CA de 4M€ sur l’exercice et l’acquisition il y a quelques jours de l’américain Amalto et ses 4,3M$ de CA annuel, l’accélération de nos investissements dans la croissance future pourrait cette année se traduire par un tassement de notre marge opérationnelle afin de préparer le futur. »

Sidetrade compte privilégier la croissance à la rentabilité ?

« Clairement, notre marché étant en plein boom, nous devons privilégier la croissance. Nos concurrents américains et les investisseurs qui les soutiennent n’ont pas de scrupule à réaliser des pertes. A ce stade de faible maturité du marché, la croissance et la récurrence des revenus sont de loin la priorité des leaders qui sont en train d’émerger. Pour autant, nous veillerons à rester le seul acteur profitable. C’est plus une question d’équilibre et de volonté d’afficher une croissance rentable car il nous suffirait de freiner une partie de nos investissements pour rapidement monter à 20% de marge opérationnelle. Notre enjeu est d’être un acteur majeur mondial. Cela passe par de lourds investissements en R&D et en marketing/commercial. Nous en avons les moyens humains et financiers. »

Quelle est l’importance des barrières à l’entrée sur votre marché ?

« Elles sont de plus en plus élevées. L’Order-to-Cash, dont la dématérialisation des factures clients en est une toute petite partie, est un domaine pointu sur lequel nous avons cumulé 20 ans d’expérience, des milliards de données et un investissement en R&D représentant jusqu’à 20% de notre chiffre d’affaires tous les ans. Nous pouvons aujourd’hui prédire les comportements de paiement de plus de 4 millions d’entreprises dans le monde. Les gros ERP et les acteurs centrés principalement sur la dématérialisation des factures, à l’exception de notre concurrent américain Billtrust, ne sont pas présents sur les projets significatifs de génération de cash lancés par les grands donneurs d’ordre. »

source : présentation Sidetrade du 21/4/2021

Vous avez annoncé début avril l’acquisition de l’américain Amalto. Pourquoi ? 

« Nous avions déjà quelques clients importants aux Etats-Unis et il nous fallait accélérer dans la conquête de ce marché qui, comme le marché européen, pèse environ 5 milliards de dollars. En faisant l’acquisition d’Amalto, société française à l’origine mais réalisant 90% de son chiffre d’affaires aux US, nous accélérons de façons considérable notre position de challenger face aux 2 grands acteurs américains que sont Billtrust et Highradius (respectivement 100M$ et 80M$ de CA estimés). Amalto nous apporte un portefeuille client de grands comptes, autant de très belles références nécessaires à la conquête du marché américain et des fonctionnalités nouvelles qui viendront enrichir notre plateforme. De plus, cette acquisition a été réalisée dans des conditions financières très attractives compte tenu du contexte actuel des valorisations puisque nous avons payé 16M$ pour une entreprise réalisant 4,3M$ de CA avec une marge d’Ebitda supérieure à 20%. Avec cette opération, Sidetrade pourrait réaliser 7M$ de CA en Amérique du Nord dès 2021, soit 20% du CA Groupe. »

Sidetrade a affiché des ambitions à horizon 2025. Pouvez-vous nous en rappeler les principaux éléments ?

« Notre plan Fusion 100, qui vise l’atteinte de 100M$ en 2025, repose sur trois piliers. Le premier est l'innovation, avec le maintien de notre avance en matière d'Intelligence Artificielle et l’enrichissement des fonctionnalités offertes par la plateforme couvrant l’amont et l’aval du cycle Order-to-Cash. Cela passera par 14 M€ d’investissement en R&D sur 2021 et 2022 avec une centaine d’ingénieurs dans le Groupe début 2022 sur trois implantations. Le second pilier est l'expansion géographique avec un doublement des effectifs commerciaux en Europe et le déploiement d’une équipe commerciale aux Etats-Unis. Enfin, nous disposons d’environ 30M$ mobilisables et des capacités d’endettement additionnelles, pour d’éventuelles autres opérations de croissance externe qui renforceraient la réalisation de notre Plan stratégiques Fusion 100. »

Que pensez-vous du niveau de valorisation de votre société ?

« Il est difficile de parler de sa valorisation, mais ce que je peux vous dire, c’est que les multiples pratiqués outre-Atlantique dans notre secteur depuis 2020 s’étendent sur une fourchette allant de 15 à 35x le CA selon la taille, la croissance et la récurrence des revenus des cibles. En étant valorisés en Bourse moins de 6 fois notre niveau de CA 2021 attendu, compte tenu de la récurrence à 90% de nos revenus et de notre profitabilité, je n’ai pas d’inquiétude sur notre potentiel de valorisation... »

Exemples de transactions récentes dans le secteur (source : présentation Sidetrade du 21/4/2021)