ZAMUDIO/MUNICH (dpa-AFX) - Les problèmes de la filiale espagnole d'énergie éolienne Siemens Gamesa se poursuivent et continuent de donner du fil à retordre au groupe de technologie énergétique Siemens Energy. Siemens Gamesa a de nouveau constaté des défauts de qualité sur certains composants, ce qui a entraîné des charges de plusieurs millions d'euros pour le premier trimestre fiscal (clos fin décembre). Gamesa reste donc dans le rouge, ce qui oblige Siemens Energy à revoir à la baisse ses prévisions pour l'exercice 2022/23 en cours. Les actions de l'entreprise munichoise, cotées sur le Dax, ont reculé d'environ 1% vendredi.

En raison des nombreux problèmes, les actions Siemens Energy étaient presque deux fois plus faibles que l'indice principal en 2022, avec une baisse d'environ 22 pour cent. Elles avaient pourtant fortement rattrapé leur record de faiblesse à la mi-octobre à 10,25 euros. A 18,53 euros, les titres coûtent désormais plus de 80% de plus qu'à la mi-octobre.

Gamesa a constaté, lors d'un contrôle des éoliennes installées, "une évolution négative des taux de défaillance de certains composants, ce qui entraîne des coûts de garantie et de maintenance plus élevés que ceux estimés auparavant", a annoncé le groupe espagnol jeudi soir. Gamesa a ainsi chiffré la charge financière à 472 millions d'euros, ce qui a entraîné une perte de résultat opérationnel (Ebit) avant certaines allocations de prix d'achat d'environ 760 millions d'euros sur le trimestre.

Lors d'une conférence téléphonique avec des analystes, le patron Jochen Eickholt n'a pas voulu préciser l'origine exacte des problèmes. L'accent est mis sur l'activité de services et seulement dans une moindre mesure sur les turbines, a déclaré le dirigeant. Il s'agit d'un mélange de différents problèmes, sur différents composants et plateformes, qui ont des effets divers. Il est également difficile de déterminer les pays et régions concernés. La directrice financière Beatriz Puente s'attend à ce que les flux de trésorerie soient affectés au cours des huit prochaines années. Pour l'exercice 2023, elle s'attend à un impact moyen à deux chiffres.

Suite aux problèmes de Gamesa, Siemens Energy a dû revoir à la baisse ses prévisions pour 2022/23. Ainsi, la marge de résultat opérationnel avant effets exceptionnels ne devrait plus être que de 1 à 3 %, contre 2 à 4 % précédemment envisagés. La perte nette devrait en outre rester au niveau de l'année précédente et ne pas se réduire fortement comme prévu jusqu'à présent, a-t-on ajouté.

Au cours de l'exercice précédent (clos fin septembre), la filiale éolienne Siemens Gamesa ainsi que les charges liées au retrait de Russie du groupe de technologie énergétique avaient fait gonfler la perte après impôts de 15,5 pour cent à 647 millions d'euros. Des coûts élevés, des goulets d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement, des reports de projets, des défauts de qualité sur d'anciennes installations ainsi que des problèmes internes avec la nouvelle turbine terrestre 5.X avaient ainsi plombé le bilan de Gamesa.

"La réévaluation des coûts des contrats de service existants a notamment pesé sur le résultat au cours du trimestre écoulé", a déclaré un porte-parole de Siemens-Energy à propos de l'évolution actuelle. Dans les domaines opérationnels, on constate une amélioration de la situation chez Gamesa. Toutefois, les anciens contrats en particulier requièrent "une attention sans réserve de la part de la direction" dans des conditions toujours difficiles sur le marché de l'approvisionnement.

Les activités quotidiennes de Siemens Energy au premier trimestre ont été meilleures que prévu par les analystes en termes de chiffre d'affaires et de commandes. La prévision de chiffre d'affaires est donc restée inchangée : La croissance du chiffre d'affaires à données comparables - c'est-à-dire hors effets de change et de portefeuille - devrait se situer entre 3 et 7 % pour l'exercice qui s'achève fin septembre.

Gamesa est sur le point d'être entièrement racheté par Energy, qui détiendra plus de 90% à l'issue de l'offre. Une assemblée générale extraordinaire de l'entreprise cotée à la bourse espagnole doit encore approuver l'opération la semaine prochaine, ce qui est considéré comme une formalité. Ensuite, Energy veut retirer Gamesa de la Bourse.

L'analyste Nicholas Green, du cabinet d'analyse américain Bernstein Research, a parlé d'un "gros coup financier" pour la décision d'investissement d'Energy. Selon lui, l'activité de services de Gamesa devait être la base stable de l'avenir de l'entreprise, mais elle présente désormais des faiblesses. Et de manière générale, il ne croit pas non plus à une base commerciale solide pour l'industrie éolienne.

Siemens Energy espère que cette acquisition lui permettra de mieux contrôler le constructeur d'éoliennes, qui n'a pas atteint ses objectifs à plusieurs reprises ces dernières années en raison de l'apparition de nouveaux problèmes. Le directeur de Gamesa, M. Eickholt, envoyé par Energy, a mis en place un vaste programme de redressement du groupe. En principe, Siemens Energy avait considéré 2022/23 comme une année de transition. Lors de la présentation des objectifs à l'automne, le président du groupe Christian Bruch visait une amélioration de l'évolution de l'activité, même si le résultat final devrait être négatif. M. Bruch ne voit pas de chiffres noirs avant le prochain exercice.

En dehors de Gamesa, tout s'est bien passé récemment. L'entreprise parle d'une forte amélioration du résultat opérationnel sous-jacent dans les secteurs Gas Services, Grid Technologies et Transformation of Industry.

Selon les données, les prises de commandes du groupe ont augmenté de plus de moitié au premier trimestre par rapport à la même période de l'année précédente, pour atteindre 12,7 milliards d'euros, et le chiffre d'affaires a augmenté d'environ 19 pour cent pour atteindre près de 7,1 milliards d'euros. Ces deux valeurs dépassent ainsi nettement l'estimation moyenne des analystes. Le résultat d'exploitation de -384 millions d'euros est toutefois resté nettement inférieur aux attentes du marché, tout comme le résultat d'exploitation avant effets exceptionnels de -282 millions d'euros./mis/lew/knd/jha/