MUNICH (dpa-AFX) - Manifestations devant la salle de réunion, questions insistantes de la salle et débats animés entre les actionnaires et la direction de l'entreprise : lors des assemblées générales, les actionnaires se sont aussi frayé un chemin bruyant pour se faire entendre des dirigeants. Mais depuis la première année de Corona, les réunions annuelles d'actionnaires, au cours desquelles le conseil d'administration et le conseil de surveillance répondent aux questions des actionnaires, se sont calmées. En raison de la pandémie, les entreprises ont souvent tenu leurs assemblées générales en ligne au cours des trois dernières années. La majorité des groupes du Dax veulent rester dans cette voie.

Parmi les 40 plus grandes entreprises du marché boursier allemand, plus de la moitié prévoient déjà cette année une assemblée générale entièrement numérique. C'est ce qui ressort d'un sondage réalisé par l'agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur. 22 groupes du Dax prévoient des formats en ligne, seules 10 entreprises ont décidé de se réunir en présentiel - dont BASF, Henkel, Airbus et Porsche. Pour 7 entreprises, la décision n'a pas encore été prise. Une entreprise n'a pas donné d'indication.

Les actionnaires sont très critiques à l'égard de l'assemblée générale entièrement numérique. Les défenseurs allemands des actionnaires estiment que l'occasion d'un échange vivant entre les actionnaires et la direction de l'entreprise est menacée et réclament à la place un format hybride. "L'assemblée générale en présence des actionnaires est un élément très important de la culture boursière en Allemagne", a déclaré Daniela Bergdolt, vice-présidente de la Deutsche Schutzvereinigung für Wertpapierbesitz (DSW). "C'est en présence que le dialogue vivant et critique entre les entreprises et les actionnaires peut être le mieux mis en œuvre".

La possibilité d'une assemblée générale sans présence physique des actionnaires a été introduite au début de la pandémie de Corona. Les réunions annuelles, qui rassemblent habituellement des milliers de personnes pour voter sur la distribution de dividendes, les augmentations de capital et la décharge du conseil d'administration et du conseil de surveillance, ont été autorisées à se dérouler en ligne. L'été dernier, le Bundestag a rendu ce régime spécial permanent, moyennant certaines modifications. Les droits des actionnaires doivent également être garantis sans restriction en ligne, par exemple par un droit de questionnement en direct.

Selon des entreprises comme Beiersdorf, Merck, BMW, Siemens et Vonovia, qui ont opté cette année encore pour une assemblée générale en ligne, le nouveau format a fait ses preuves à l'époque de Corona. Les groupes du Dax y voient plusieurs avantages : On a plus de sécurité dans la planification, on protège la santé des participants, on économise des coûts, des efforts et des émissions de CO2 dues aux déplacements et on permet la participation d'un plus grand nombre d'actionnaires, y compris internationaux.

L'assemblée générale en ligne supprime les coûts parfois élevés de location de salle, de restauration et de personnel. Selon l'entreprise de santé Fresenius, le format en ligne lui a permis d'économiser environ un quart des coûts au cours des deux dernières années par rapport aux précédentes assemblées en présence des actionnaires. Le fabricant de matériaux Covestro et le groupe énergétique E.ON prévoient même une économie de coûts d'environ 50 pour cent. D'autres entreprises ont chiffré la différence à un montant à six chiffres en euros. Mais beaucoup ont également déclaré que la réduction des coûts n'était pas un critère de décision.

Les conseils d'administration des sociétés anonymes ont jusqu'au 31 août pour décider, avec l'accord du conseil de surveillance, si l'assemblée générale de cette année doit se tenir en présence des actionnaires ou en ligne. Ensuite, il faudra une modification des statuts qui pourra fixer le format en ligne pour une durée maximale de cinq ans ou autoriser le conseil d'administration à tenir la réunion en ligne pendant cette période. La proposition de modification des statuts est à l'ordre du jour de certaines assemblées générales cette année.

"Les actionnaires, qu'ils soient privés ou institutionnels, rejettent une autorisation globale allant au-delà d'un ou deux ans sans concrétiser l'organisation de l'assemblée générale virtuelle et les droits des actionnaires", explique Marc Tüngler, directeur général de DSW. Les actionnaires veulent donc savoir concrètement comment leurs droits seront aménagés ou éventuellement limités dans le format en ligne et demandent une discussion ouverte en présence sur le futur format de l'assemblée générale.

Les assemblées générales du Dax débuteront le 7 février avec le groupe énergétique munichois Siemens Energy. Là aussi, il s'agit pour l'instant d'une réunion d'investisseurs en ligne. Les actionnaires pourront poser leurs questions en direct par vidéoconférence, a fait savoir l'entreprise. "De cette manière, le dialogue interactif est également possible dans le cadre d'une manifestation virtuelle", indique-t-on./jml/DP/mis