Jérusalem (awp/afp) - Plus de 670 institutions financières européennes ont été impliquées ces trois dernières années dans des transactions avec des entreprises liées aux colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens, illégales au regard du droit international, affirment mercredi une vingtaine d'organisations dans un rapport.

Au total, 255 milliards de dollars (environ 237 milliards de francs suisses) ont été engagés dans des transactions entre ces institutions financières (banques, assureurs, fonds de pension) et ces entreprises liées aux colonies israéliennes, d'après un rapport préfacé par Michael Lynk, rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens.

Plus précisément, entre 2018 et mai 2021, 114 milliards de dollars ont été fournis sous forme de prêts et de souscriptions par des institutions bancaires européennes --en tête desquelles BNP Paribas (17,30 milliards de dollars), Deutsche Bank (12,03 milliards) et HSBC (8,72 milliards)-- à des sociétés impliquées dans les colonies, souligne le rapport d'une vingtaine d'organisations palestiniennes et européennes, dont la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).

Plus de 600'000 Israéliens vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est dans des colonies considérées comme illégales par le droit international, tandis qu'un peu plus de trois millions de Palestiniens habitent dans ces territoires occupés par Israël depuis 1967.

Les entreprises Airbnb, Alstom, Caterpillar ou Siemens, tout comme les grandes banques israéliennes Hapoalim et Leumi et le géant israélien de l'alimentation Rami Levi, font partie des entreprises impliquées dans les colonies et à qui ces créanciers ont fourni des fonds de manière directe ou indirecte, est-il précisé.

D'autres institutions, comme le Government Pension Fund Global (Norvège) ou le groupe français BPCE ont investi dans des entreprises au titre de participations et d'obligations, à hauteur de 141 milliards de dollars, soutient le rapport qui appelle à "cesser" ces opérations.

"Malgré la précision de la loi sur l'illégalité des colonies et les informations solides sur leur impact négatif sur les droits humains, les colonies israéliennes continuent d'attirer des sociétés internationales", a regretté M. Lynk.

Ces institutions financières fournissent aux colonies "l'oxygène économique indispensable à leur croissance" et participent à une forme de "légitimation politique" des implantations, a-t-il estimé.

En 2020, l'ONU avait publié une liste de 112 sociétés ayant des activités dans les colonies, dont Airbnb et Tripadvisor.

En juillet, le fabricant américain de glaces Ben&Jerry's a annoncé l'arrêt de la commercialisation de ses produits dans les colonies, suscitant de vives critiques de dirigeants israéliens.

Le gouvernement israélien combat farouchement le mouvement BDS, qui appelle au boycott économique, culturel ou universitaire d'Israël, visant à obtenir la fin de l'occupation et de la colonisation dans les Territoires palestiniens.

afp/ol