Par Philippe Thiels, Directeur de l'agence SII Sud-Ouest.
Tribune à retrouver dans Les Echos.

Sous-traitants et partenaires des grands comptes industriels ont dû s'adapter et se diversifier en attendant que le carnet de commandes des grands donneurs d'ordres se remplisse à nouveau.

Quand les projets des géants de l'aéronautique sont mis en pause, c'est toute la filière qui retient son souffle. À l'annonce du confinement en mars 2020, un vent de panique a été ressenti par tous les acteurs du secteur. Sur cette même année, 10 % des emplois ont été détruits dans la filière aéronautique en Haute-Garonne. Une catastrophe que certains partenaires et sous-traitants ont su encaisser, non sans mal, en multipliant les projets de mobilité interne pour éviter de perdre des ressources et des compétences précieuses. Ceux qui disposaient d'une présence sur le territoire se sont également créé des opportunités en jouant la carte de la solidarité entre sites.

Subir était inenvisageable même si certaines pertes semblaient, elles, inévitables. L'objectif était alors de permettre aux ingénieurs les plus touchés par la crise de pouvoir se placer sur d'autres projets en attendant la reprise de l'activité chez les grands donneurs d'ordres. Une façon de maintenir un niveau de compétences élevé sur des postes stratégiques, dont la perte serait à la fois préjudiciable pour l'entreprise concernée et pour le client. Une tactique qui a notamment été rendue possible par le recours généralisé au télétravail. Les entreprises qui disposaient de plan de continuité d'activité fort ont pu aborder plus "sereinement" les problématiques liées au télétravail et faciliter ainsi le déploiement des ressources sur d'autres projets de façon sécurisée.

Développer plus de compétences pour anticiper la reprise

Au-delà de la volonté d'accompagner les salariés dans une période de crise, les projets de mobilité interne ont eu aussi pour objectif d'étoffer le champ des compétences des partenaires et des sous-traitants. En effet, pour ceux dont les compétences ont été maintenues, il leur a été également possible d'en développer d'autres, complémentaires des activités qu'ils exerçaient jusqu'alors. Une façon de préparer au mieux les ingénieurs à la sortie de crise afin qu'ils soient plus attractifs auprès des gros clients du secteur.

Une manœuvre particulièrement intéressante pour ces derniers qui cherchent perpétuellement des profils riches en nouvelles compétences afin de faire la différence par rapport à leurs concurrents directs. C'est d'ailleurs une des raisons qui a poussé certains sous-traitants et partenaires à sortir les salariés de leur période d'activité partielle pour les valoriser au sein de projets axés sur la R&D. Cela leur a permis d'engranger de l'expérience et d'acquérir des compétences sur des sujets cruciaux comme l'hydrogène, l'interface homme-machine du pilote, l'intelligence artificielle dans le pilotage autonome ou encore la cybersécurité et l'automatisation de la validation. En multipliant les projets comme ceux-ci, sous-traitants et partenaires ont su conserver une exigence élevée par endroit en attendant le moment où les donneurs d'ordres demanderaient d'accélérer la cadence.

L'heure de la reprise a sonné et ça redémarre fort !

Alors que beaucoup d'industriels tablaient sur une reprise du secteur entre 2023 et 2025, les carnets de commandes se remplissent plus rapidement que prévu. Le niveau d'avant crise ne sera sans doute pas atteint avant plusieurs mois, mais les géants de l'aéronautique se montrent tout de même optimistes concernant l'exercice 2021. En témoigne le cas d'Airbus qui semble déterminé à dépasser le stade des 566 livraisons atteintes en 2020 pour viser les 600 en 2021.

Si, aux premiers abords, l'annonce de la reprise est positive pour tous les acteurs du secteur de l'aéronautique, elle représente également un vrai casse-tête pour les partenaires et sous-traitants qui doivent répondre présents au redémarrage des leaders. Passer d'une situation de recul à une relance n'est pas chose aisée. Et on le sait, si la plupart des acteurs de l'écosystème des donneurs d'ordres ne sont pas au rendez-vous de la relance, ces derniers se mettent en danger et avec eux toute la chaîne de partenaires et de sous-traitants. Cette reprise, plus importante qu'espéré, semble donc placer le secteur sur de bons rails pour les mois à venir, mais il reste malgré tout essentiel de maintenir une vigilance accrue vis-à-vis des situations liées à l'actualité qui pourraient porter préjudice à l'activité.

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SII SA published this content on 26 November 2021 and is solely responsible for the information contained therein. Distributed by Public, unedited and unaltered, on 26 November 2021 08:59:02 UTC.