par Patrick Vignal

PARIS, 10 septembre (Reuters) - Les gérants de fonds actions ont su tirer leur épingle du jeu dans des circonstances exceptionnelles pendant la propagation mondiale du COVID-19, une période plus compliquée pour les gérants obligataires, dit-on chez Lyxor Asset Management.

En moyenne, 53% des gérants de fonds actions ont battu leurs indices de référence au cours du premier semestre 2020, les gérants de petites valeurs ("small caps") arrivant en tête avec une surperformance moyenne de 70%, selon un rapport publié jeudi par la société de gestion, filiale de Société générale .

"Les gérants actions, qui ont plutôt bien navigué dans un contexte très particulier, ont pu profiter de la volatilité mais surtout de la diversification entre les secteurs, les pays et les classes d'actifs, qui ont créé des opportunités de génération d'alpha", explique à Reuters Vincent Denoiseux, responsable recherche et solutions ETF chez Lyxor AM.

La plupart des gérants obligataires ont en revanche sous-performé, un tiers seulement étant parvenus à battre leur indice de référence, selon le même rapport.

"La situation est contrastée sur l'obligataire avec un environnement globalement peu attractif et une situation difficile en termes de liquidité avec des flux sortants massifs observés au mois de mars", dit Vincent Denoiseux.

Les spécialistes du segment "high yield", soit les obligations classées en catégorie spéculative par les agences de notation, et les gérants de dettes émergentes en devises fortes ont mieux résisté que les gérants d'obligations d'Etat, poursuit-il.

"Sur les obligations souveraines, les gérants ont eu beaucoup de difficulté à manoeuvrer en raison de la rapidité des actions des banques centrales", dit-il.

"UN BON TEST POUR LES ETF"

Si la dislocation des indices boursiers au mois de mars et le vif rebond qui l'a suivie ont permis aux gérants actions de montrer leur savoir-faire, les fonds indiciels cotés (ETF), qui sont adossés à un indice dont ils répliquent la performance, conservent toute leur légitimité, en particulier sur le long terme, selon Vincent Denoiseux.

"Le contexte a favorisé la gestion active sur certaines classes d'actifs offrant moins de liquidité et davantage de dispersion donc plus d'opportunités aux gérants, comme, typiquement, les small caps", dit-il.

"D'autres classes d'actifs, plus liquides et plus arbitrées, sont en revanche mieux adaptées aux ETF. Il y a un équilibre entre les deux types de gestion qui est pertinent et toutes les deux ont leur place dans les portefeuilles."

Sur une période de cinq ans, le taux de surperformance tombe à 36% pour les gérants actions, ce qui souligne l'importance cruciale d'une sélection rigoureuse des fonds et d'une allocation stratégique du portefeuille, fait valoir l'expert de Lyxor, société qui a joué un rôle pionnier sur le secteur des ETF en Europe.

De plus en plus présents dans l'univers de la gestion mais encore décriés par certains, les ETF se sont bien comportés pendant la crise en termes de liquidité et de flux, avec des sorties plus faibles que sur les fonds actifs, insiste Vincent Denoiseux.

"Cette crise a été un bon test pour les ETF, qui ont rempli leur rôle de transmission du risque entre investisseurs et de véhicule d'investissement, notamment pour reprendre la hausse", dit-il.

"Sur une longue période, c'est plus dur pour la gestion active. De nombreux investisseurs gardent en effet des positions long terme pour capter certaines primes de risque, celle des actions par exemple. Dans cette optique, les ETF sont une option attrayante."

(édité par Marc Angrand)