PARIS (awp/afp) - "Je suis là pour écouter et voir comment me rendre utile": le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez s'est rendu vendredi au Lido pour soutenir les salariés menacés par un plan social qui aboutira à la suppression de 157 des 184 postes du prestigieux cabaret.

"Il faut avoir une vision de ce que vous voulez pour faire pression, avoir de vraies propositions. Je peux parler à Bercy demander pourquoi le ministère ne négocie pas alors qu'il a filé des sous. Cet argent ne doit pas servir à virer des gens", a expliqué le leader syndical à quelques salariés rassemblés dans la grande salle.

Le groupe hôtelier Accor a annoncé fin 2021 le rachat à Sodexo du célèbre cabaret parisien, avant de présenter le 12 mai un "projet de réorganisation" prévoyant une "refonte du modèle de dîner-spectacle", qui se traduira par la disparition de la troupe permanente.

Le 2 juin, la CGT Spectacle a interpellé la ministre de la Culture pour lui demander d'intervenir alors que Sodexo a, selon le syndicat, "reçu des aides publiques" pendant la crise sanitaire et qu'AccorInvest (détenu à 30% par Accor) a bénéficié d'un prêt garanti par l'Etat de "477 millions d'euros".

"On n'accepte pas de se faire virer comme ça", a assuré Ludovic Hervéou, le délégué CGT du Lido, au secrétaire général du syndicat.

"On a un problème de confiance vis-à-vis d'Accor. Il faut qu'ils payent. Des collègues sont chauds bouillants", a-t-il ajouté, sans éluder la possibilité d'un durcissement du mouvement si la direction n'accédait pas à leurs demandes.

"Ce serait bien que Sébastien Bazin ait l'honnêteté de nous voir", a expliqué lors de l'échange le machiniste Lionel Delcher alors que le patron d'Accor n'a jamais rencontré le personnel.

"Beaucoup de techniciens voudraient en profiter pour redevenir intermittents mais il y a un blocage", a-t-il poursuivi pour illustrer les difficultés rencontrées lors des négociations du plan de sauvegarde de l'emploi.

"Nous avons des métiers de niche et je n'ai pas l'impression qu'ils mettent l'accent sur les aides à la formation", a continué Jérémy Bauchet, adjoint maître de ballet.

"Une richesse artistique va disparaître alors qu'il ne reste qu'une poignée de cabarets. Mais ils s'en foutent complètement. Ce dédain nous heurte. Le Lido va devenir le fast-food des spectacles", a-t-il résumé tandis que des techniciens et du personnel de salle s'activaient autour de M. Martinez pour préparer le spectacle du soir.

Le leader syndical, qui n'a rencontré aucun dirigeant, s'est ensuite vu proposer une visite des entrailles du Lido avant de repartir.

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