Londres (awp/afp) - Le gendarme de la concurrence du Royaume-Uni a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête approfondie sur le rachat en début d'année de l'éditeur américain de jeux vidéo Activision Blizzard par Microsoft, inquiet de ses conséquences sur le marché britannique.

La fusion de ces deux géants pourrait se traduire par une "diminution substantielle de la concurrence" dans le pays, indique dans sa décision l'autorité britannique de la concurrence (CMA).

Microsoft avait annoncé en janvier le rachat d'Activision Blizzard, qui édite notamment les succès "Call of Duty", "World of Warcraft" et "Candy Crush", pour la somme record pour le secteur de 69 milliards de dollars.

L'opération, qui doit être bouclée l'an prochain, donnerait naissance au troisième plus gros acteur de l'industrie vidéoludique en matière de chiffre d'affaires, derrière le Chinois Tencent et le Japonais Sony, fabricant de la PlayStation.

La CMA craint que l'opération ne nuise aux rivaux de Microsoft, "l'une des trois grandes entreprises, avec Sony et Nintendo, qui dominent le marché des consoles de jeu depuis 20 ans" : le groupe issu de la fusion pourrait leur refuser ou diminuer l'accès aux jeux d'Activision Blizzard.

Cela "pourrait nuire aux consommateurs en diminuant la capacité de concurrence de Sony" mais aussi "d'autres compétiteurs existants ou potentiels", a indiqué la CMA à l'issue de premières investigations, dont les conclusions ont été publiées début septembre.

"Microsoft occupe déjà une position solide dans l'industrie du jeu vidéo grâce à sa console reconnue Xbox, qui dispose d'une large base d'utilisateurs et d'un solide catalogue de contenus", et l'acquisition y ajouterait certains des jeux "les plus vendus et les plus reconnaissables au monde", selon le régulateur.

Londres s'inquiète aussi de potentiels problèmes de concurrence sur le marché naissant de la dématérialisation des jeux ("cloud gaming") ou des services d'abonnement.

La CMA avait donné aux deux entreprises jusqu'au 8 septembre pour répondre à ses préoccupations, mais Microsoft a indiqué qu'il ne "proposerait pas de solution" à ce stade aux problèmes soulevés par la CMA, a précisé le régulateur.

Sollicité par l'AFP, Microsoft a toutefois réitéré jeudi, dans une déclaration transmise à l'AFP, son intention de "travailler avec la CMA", ajoutant s'être engagé auprès de Sony, inquiet sur la disponibilité de "Call of Duty", à rendre le jeu disponible le même jour sur Xbox et PlayStation.

afp/buc