Après un exercice 2019 en décroissance de 8% et des pertes creusées à -70 M€ alors que SRP Group fermait l’Angleterre, l’Allemagne et la Pologne, 2020 sera l’année du redressement accéléré par la Covid. A l’occasion de la publication d’un CA T3 à +30%, Thierry Petit nous expose sa stratégie de relance, ses premiers effets et ses perspectives.

Thierry Petit, après de très mauvais chiffres en 2019, 2020 s’annonce au-delà de vos espérances pour Showroomprivé ?

"Effectivement, 2020 devrait être une bien meilleure année avec un EBITDA estimé proche de 20 M€. Les années 2015-2018 qui ont suivi notre introduction en Bourse étaient celles d’une start-up flamboyante investissant tous azimuts pour prendre des parts de marché importantes : ouvertures de nombreux pays européens, diversification de l’offre, prises de participations, partenariats stratégiques avec des géants mondiaux de la distribution physiques (Steinhoff, maison mère de Conforma puis Carrefour). Notre organisation interne était trop tournée sur ce modèle de croissance et a eu quelques ratés et nous avons fait quelques mauvais choix, par exemple sur la logistique.

Et si la croissance nécessaire pour atteindre une taille critique fut globalement au rendez-vous, l’agressivité prix et les achats fermes importants pour y parvenir n’ont pas été suffisamment pilotés et ont dégradés nos marges et notre bilan. Il a alors fallu prendre des décisions fortes avec mon associé à partir de 2018 : se consacrer de nouveau pleinement à l’opérationnel, structurer notre Comex, fermer des pays en pertes, des verticales déficitaires, etc.

Nous avons réussi deux recrutements majeurs pour nous aider à mettre en place notre plan Performance 2018-20 : un nouveau directeur financier (François de Castelnau, ex-Gifi) beaucoup plus tourné vers l’interne, le pilotage financier et les réglages fins, et un nouveau directeur des opérations (Hakim Ben Makhlouf, ex-Amazon). 2019 fut une année de contre-performances comptables car nous avons dû abandonner des marchés mal margés et rationaliser la structure, l’organisation opérationnelle et l’offre.

Par ailleurs, pour renouveler l’offre proposée à nos consommateurs, nous avons intensifié notre prospection de nouvelles marques qui se sont concrétisées en 2020, attirant de nouveaux clients. L’effet Covid est venu accélérer la reprise de la croissance au troisième trimestre (ndlr +30% soit +8,8% sur 9 mois). Pour résumer, après 12 ans en mode start-up qui nous ont permis de réaliser une croissance folle, nous commençons à récolter les fruits de 18 mois de travail intense de rationalisation qui ont font de nous une ETI recherchant une croissance rentable".

Qu’attendez-vous pour la fin 2020. Quel impact attendez-vous du "reconfinement" ? 

"Le niveau élevé de l'activité couplé à une plus grande sélectivité de l'offre et à une organisation des process plus efficiente vont nous permettre de continuer de faire progresser progressivement notre Ebitda qui devrait terminer l’année proche des 20 M€."

Quelle est votre participation au capital après la récente levée de fonds de 9,9M€ réalisée en juillet dernier ?

"Nous avons toujours été très engagés dans l’organisation et au capital du Groupe. Nous avions réduit notre présence au capital à l’IPO et au moment de la prise de participation de 17% par Steinhoff en mai 2017. Cette prise de participation était stratégique, elle devait déboucher sur un projet d’envergure mondiale. Nous ne comptions pas nous désengager opérationnellement. Et puis Steinhoff a fait l’objet d’un scandale retentissant, ce qui a rapidement mis fin au projet et débouché par l’entrée de Carrefour, qui s’est laissé dilué à l’occasion des dernières levées de fonds car le Groupe suit d’autres priorités stratégiques, préférant se focaliser sur l’alimentaire. Pour notre part, avec David Dayan, mon associé depuis le départ, nous avons réinvesti chacun 15 M€ dans la société et pointons de concert à environ 50% du capital, quand Carrefour est à 9%. Le solde du capital est flottant."

Quelles sont les perspectives à moyen terme ?

"Dans les prochains mois et jusqu’à la fin du premier trimestre 2021, nous allons rester très concentrés sur la poursuite du redressement en consolidant notre rentabilité. Cela doit nous permettre d’atteindre une trésorerie nette positive et de disposer d'une structure financière solide et pérenne pour écrire progressivement une nouvelle page vertueuse de l’histoire de SRP Group. Nous envisageons d’annoncer lors de la publication des résultats annuels 2020 un nouveau plan moyen terme. Ce plan fera la part belle à la RSE, en développant une offre de consommation responsable. Nous comptons également développer notre marketplace, en complément des plus de 20% de CA réalisés aujourd’hui sur le drop shipping, contre 0% il y a 2 ans. Ces activités permettront d’accélérer la croissance moyennant des capitaux investis réduits et un moindre impact environnemental".

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