New York (awp/afp) - La Bourse de New York a ouvert en baisse vendredi, étourdie par un chiffre de créations d'emplois américain bien plus élévé que prévu, qui ravive les craintes d'un durcissement de la banque centrale américaine (Fed), sur fond de résultats de sociétés décevants.

Vers 14H55 GMT, le Dow Jones cédait 0,28%, l'indice Nasdaq lâchait 0,72% et l'indice élargi S&P 500 perdait 0,61%.

La place new-yorkaise était mal orientée avant l'ouverture, échaudée par une série de déceptions venues de grands noms de Wall Street, d'Apple à Starbucks.

Mais le marché a franchement basculé avec la publication du rapport mensuel sur l'emploi par le ministère américain du Travail, qui a fait état de 517.000 créations de postes en juin, soit quasiment le triple de ce qui était attendu par les économistes (187.000).

Le taux de chômage est tombé à 3,4% (contre 3,5% précédemment), son plus bas niveau depuis 1969.

"Avec ce rapport, le marché remet en cause sa certitude de voir la Fed baisser les taux d'ici la fin de l'année", a commenté, dans une note, Patrick O'Hare, de Briefing.com, "parce que ces chiffres pourraient pousser la Fed à s'interroger sur l'opportunité d'en finir bientôt avec son resserrement monétaire."

Ainsi, pour la première fois depuis plusieurs semaines, les opérateurs privilégient maintenant des hausses cumulées d'au moins un demi-point d'ici juin, contre un quart de point jusqu'ici.

Le séisme a été nettement ressenti sur le marché obligataire, avec une brutale tension des taux. Le rendement des emprunts d'Etat à 2 ans, plus représentatif des anticipations de politique monétaire que le taux à 10 ans, a bondi à 4,22%, contre 4,10% jeudi en clôture.

"Ces chiffres de l'emploi très élévés cumulés à des résultats des entreprises technologiques plus faibles qu'espéré génèrent beaucoup d'incertitude pour les investisseurs", a affirmé Adam Sarhan, de 50 Park Investments.

"Cela va remettre la Fed dans une position d'attente", explique le gérant, "et le marché n'aime pas l'incertitude."

Les trois géants de la tech qui publiaient leurs résultats trimestriels jeudi après Bourse ont tous affiché un bénéfice net en-deçà des prévisions des analystes.

Le directeur financier d'Amazon (-5,22% à 107,02 dollars), Brian Olsavsky, a dit s'attendre à "une croissance plus modérée durant les prochaines trimestres", évoquant notamment l'activité d'informatique à distance (cloud), qui tire les performances du groupe de Seattle depuis plusieurs années.

Alphabet (-2,71% à 105,85 dollars) a lui pâti de l'assombrissement du marché de la publicité en ligne, qui a fait reculer son chiffre d'affaires dans cette branche, la principale du groupe, au quatrième trimestre, la plateforme vidéo YouTube (-7,7%) étant particulièrement touchée.

Apple (+1,91% à 153,70 dollars) a lui mis son raté des trois derniers mois de 2022 sur le compte de perturbations dans sa principale usine d'assemblage d'iPhones, à Shengzhou (Chine), du fait d'une résurgence de cas de coronavirus en novembre et décembre, mais s'est dit confiant dans ses perspectives 2023.

En outre, la firme à la pomme est le seul des quatre mastodontes technologiques à ne pas avoir annoncé de suppressions d'emplois, a rappelé Dan Ives, de Wedbush Securities, qui voit Apple profiter du rebond économique en Chine.

Ailleurs dans le secteur technologique, le fabricant de semi-conducteurs Qualcomm (-1,17% à 308,06 dollars) a aussi manqué la cible au dernier trimestre, et prévoit une décélération encore plus marquée en ce début d'année.

Mais les déconvenues n'ont pas été limitées au secteur technologique.

Ford était sanctionné (-7,65% à 13,23 dollars) pour ses résultats trimestriels inférieurs aux attentes, pénalisés par des problèmes d'approvisionnement et des hausses de coûts. Le constructeur a prévenu que ses comptes 2023 pourraient être affectés par une récession.

Quant à la chaîne de cafés Starbucks (-4,23% à 104,53 dollars), elle a certes réalié un chiffre d'affaires record au premire trimestre de son exercice décalé (octobre à décembre), mais en-deçà des projections des analystes.

La chaîne de grands magasins Nordstrom décollait (+21,52% à 25,69 dollars) après que le Wall Street Journal a révélé que l'investisseur et entrepreneur Ryan Cohen avait pris une participation "significative" au capital de l'entreprise.

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