Nous avons rencontré la direction du groupe de ressources humaines à trois reprises lors des conférences Investor Access. Une direction qui a évolué dans la continuité puisque c’est un des fils du 1er actionnaire du Groupe, Victorien Vaney, qui a pris les rênes du Groupe en juin 2021. Impliqué de longue date dans la gouvernance de Synergie, cet amateur de rugby passé par HEC s’appuie sur une solide expérience à l’international. De quoi accélérer sur un des axes prioritaires du Groupe. Rencontre avec Yvon Drouet, en charge des finances du groupe depuis 2000. 

Yvon Drouet, Synergiea nommé Victorien Vaney en tant que PDG il y a près d’un an. Quelles orientations a-t-il prises ? 

"Dans la continuité de la stratégie en œuvre dans le Groupe avec Daniel Augereau, notre nouveau PDG a opéré une accélération de la croissance à l’international, aussi bien organique que par acquisition. Grâce à notre progression rapide ces dernières années en Italie, le groupe devrait réaliser près de 60% de son chiffre d’affaires à l’international en 2022, un pourcentage qui devrait continuer de croitre si nous parvenons à devenir des acteurs nationaux, réalisant au moins 150 M€ de CA, dans trois grands pays de l’intérim où nous sommes déjà présents : les Pays-Bas, la Grande Bretagne et l’Allemagne. Ensuite, nous pourrons envisager de nous implanter aux Etats-Unis via une acquisition de taille significative. Par ailleurs, le groupe a renforcé son intégration : les différentes entités et pays basculent en douceur à la marque Synergie, nous accélérons sur le marketing groupe, la structuration des achats, la transformation digitale, etc. Nous venons également de regrouper nos entités parisiennes au nouveau siège social de Synergie à Boulogne Billancourt, dont le groupe est propriétaire. " 

Que pouvez-vous nous dire de votre acquisition en cours en Pologne ? 

"Interkadra est pour nous une acquisition de taille moyenne dans un nouveau pays d’implantation pour Synergie. Avec 53M€ de CA en 2021, nous rachèterions 100% du 6e acteur polonais, disposant de 16 agences et d’une forte présence en Allemagne dans le domaine de l’aide à domicile. La société est en croissance, pouvant compter sur une main d’œuvre ukrainienne abondante, et dégage des marges conformes à celles du Groupe. Le prix de la transaction est raisonnable. " 

Retour rapide aux niveaux d’avant Covid et internationalisation

Retour rapide aux niveaux d’avant Covid et internationalisation  (source : société)  

Les prix de vente des sociétés sur le marché s’est-il tassé ? 

"Nous observons effectivement une inflexion dans les prétentions des vendeurs. Nous essayons de ne pas payer plus de 6x l’Ebitda, même si chaque cas est particulier et que nous prenons en compte la complémentarité avec nos implantations, la qualité du management, les synergies potentielles… " 

Répartition de l’activité par type de clients

Répartition de l’activité par type de clients (source : société)  

Synergie a revu de 3 milliards à 2,9 milliards d’euros son objectif de CA 22. Faut-il y voir un signe de retournement de votre marché ? 

"Après un retour aux niveaux de 2019 plus rapide que prévu, nous restons en croissance et travaillons actuellement sur un budget 2023 en croissance dans un contexte de besoin accru en flexibilité de la part de nos clients. Les ralentissements que nous connaissons en cette fin 2022 sont dus à nos difficultés à recruter et à certains industriels contraints dans leur production par les difficultés d’approvisionnement ou le coût de l’énergie. La croissance externe a pris également un peu plus de temps que nous l’espérions à se concrétiser. Mais globalement, nos marchés très diversifiés restent fermes, le CDI intérimaire prend de l’importance en France et en Italie et l’aéronautique offre des perspectives jusqu’en 2030. Cette relative sérénité ne nous empêche absolument pas de garder la maîtrise de nos coûts à l’abord d’une année 2023 incertaine." 

Comment gérez-vous la balance inflation salaire/prix ? 

"Chaque pays connait des dynamiques particulières. En France, notre croissance de 11% au 1er semestre s’est accompagnée d’une hausse des salaires intérimaires moyenne de plus de 4% répercutée à nos clients. Les marges brutes se tiennent voire augmentent grâce à la diversification sectorielle et sur l’ensemble des métiers RH ainsi qu’à notre pouvoir de négociation. En parallèle, nos coûts de structure ont progressé de plus de 5%, d’où notre travail sur ce poste afin d’améliorer les synergies groupe. " 

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ? 

"Nous notons une moindre agressivité concurrentielle des plateformes purement digitales. Soit car elles sont restées indépendantes et cherchent le chemin de la rentabilité, soit car elles se sont fait racheter et connaissent des problèmes d’intégration. Pour notre part, nous continuons d’investir dans les outils numériques pour fluidifier les échanges avec nos partenaires (candidats, intérimaires et clients) et alléger le travail administratif de nos forces opérationnelles. Enfin, nous avons commencé à racheter des actions sur le marché compte tenu de la faible valorisation boursière de notre groupe." 

Compte de résultat semestriel simplifié

Compte de résultat semestriel simplifié(source : société)  

L'Auteur est actionnaire de la société.