TeamViewer est une société créée en 2005 dans le Bade-Wurtemberg en Allemagne, qui propose un logiciel de télémaintenance assez connu. En d'autres termes, la solution permet à un utilisateur de prendre le contrôle de l'ordinateur d'un autre utilisateur pour le former ou l'aider à résoudre un problème voire vider ses comptes en banque. Depuis la création de l'entreprise, plus de 2,5 milliards d'identifiants de connexion ont été créés et jusqu'à 45 millions de terminaux équipés sont actuellement actifs. Sur le papier, les solutions TeamViewer cadrent parfaitement avec l'ambiance Covid. D'ailleurs, le graphique qui suit montre le parcours de l'action contre le DAX.

Cours de l'action TeamViewer vs DAX
"On est meilleurs que le DAX, on est meilleurs que le DAX, On est... Ah non"

On voit la hausse effrénée depuis le point bas de mars 2020, une nouvelle remontée un an après (configuration "aiguille verte / aiguille du dru, en analyse technique savoyarde), puis une effondrement récent. L'action est passée de 26,25 EUR lors de l'IPO à 54,86 EUR au plus haut le 9 juillet 2020, avant de descendre à 12,47 EUR le 1er novembre dernier.

Que s'est-il passé ? Contrairement aux rouleaux-compresseurs du secteur, TeamViewer a déçu sur ses résultats. Les belles promesses 2020 n'ont pas été vraiment concrétisées, au moment même où l'appétit des investisseurs pour les petits stars technologiques du distanciel se tarissait. Les comptes du 1er semestre 2021 ont été très mal accueillis, malgré la vigueur de la division "Entreprises". Auparavant, l'annonce de gros contrats de sponsoring sportif avait un peu émoussé la confiance de certains investisseurs, qui voyaient l'argent mieux investi ailleurs.

La chute de l'action depuis son IPO a conduit le management à prendre un certain nombre d'initiatives pour redorer son blason auprès de la communauté financière. Lors d'une journée investisseurs datant de la semaine dernière, la direction a ainsi lancé un plan de rationalisation et de structuration opérationnelle. Elle a aussi fait passer le message que le développement se fera de façon plus conservatrice. La réunion n'a pas provoqué d'enthousiasme particulier, à l'inverse de ce qui se passe parfois. TeamViewer a encore du chemin à parcours pour reconstruire le lien de confiance avec la communauté financière.

Financièrement, nous avons affaire à une entreprise technologique européenne à rayonnement international, ce qui est presque aussi incongru qu'un EPR en état de fonctionner. Mais ce n'est pas SAP non plus, puisque les analystes qui suivent la valeur pensent qu'elle va réaliser 502 M€ de revenus cette année. Mais il faut souligner que contrairement à une tripotée de jeunes acteurs du cloud, TeamViewer est bénéficiaire depuis quelques temps, même si ses marges actuelles sont inférieures à celles des deux derniers exercices. Le PER est conforme aux standards sectoriels, c’est-à-dire qu'il est très élevé : 58,3 fois les résultats 2021. Mais 24 fois ceux de 2023, si évidemment le management arrête de décevoir tout le monde avec des prévisions mal calibrées.

"Fallait pas l'inviter" identifie des entreprises plutôt qualitatives qui traversent une passe compliquée en bourse. Sait-on jamais, elles pourraient s'en remettre ! Les derniers articles de la rubrique :