Tokyo (awp/afp) - Toshiba change encore de tête: son PDG Satoshi Tsunakawa a cédé mardi ses fonctions de directeur général, tout en restant président du conseil d'administration, une annonce surprise à trois semaines d'une assemblée générale extraordinaire du groupe sur son projet contesté de scission.

Taro Shimada, un haut responsable de Toshiba âgé de 55 ans, a été nommé directeur général par intérim. Lors d'une conférence de presse mardi, il a affiché son soutien au plan de scission actuel du groupe, tout en assurant qu'il serait à l'écoute des actionnaires et qu'il étudierait "toutes les options".

"Certains actionnaires nous ont dit qu'il leur serait difficile d'approuver (le plan de scission, ndlr) sans savoir qui dirigerait la nouvelle organisation", et donc le conseil d'administration a voulu "agir rapidement" pour clarifier ce point, a expliqué de son côté M. Tsunakawa.

Le groupe va soumettre le 24 mars son plan de scission à ses actionnaires. Il ne s'agit que d'un vote consultatif à ce stade du projet, mais un "non" majoritaire serait désastreux pour la direction.

Divers actionnaires sont toujours peu enthousiastes à l'idée de ce projet censé maximiser la valeur des activités très hétéroclites de Toshiba, mais qui ne devrait se réaliser qu'au second semestre de son exercice 2023/24.

Le groupe a simplifié son plan en février en décidant de se séparer en deux entités distinctes au lieu de trois prévues initialement.

"Sans gouvernail"

Son deuxième plus gros actionnaire, le fonds singapourien 3D Investment Partners, continue d'exhorter Toshiba à rechercher des solutions alternatives, comme un rachat, et a proposé le vote d'une résolution en ce sens le 24 mars, à laquelle la direction du groupe est hostile.

Dans une interview publiée lundi par l'agence Bloomberg, M. Tsunakawa avait souligné les nombreux obstacles à un éventuel rachat de Toshiba par des acteurs étrangers, comme le risque de perdre des commandes publiques japonaises et l'obligation qu'il aurait au préalable de céder des technologies sensibles dans le nucléaire, la défense et la cybersécurité.

M. Tsunakawa était devenu directeur général de Toshiba il y a moins d'un an, dans la foulée de la démission en avril dernier de son sulfureux prédécesseur Nobuaki Kurumatani, qui venait de perdre un bras de fer avec les actionnaires activistes du groupe.

M. Tsunakawa avait ensuite été nommé PDG par intérim en juin, après l'opposition des actionnaires de Toshiba à la réélection du président du conseil d'administration d'alors, Osamu Nagayama.

Déjà considérablement affaibli par des scandales à répétition apparus à partir de 2015, Toshiba avait manigancé avec le ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) pour imposer le vote de ses résolutions lors de son assemblée générale ordinaire en 2020, ce qui avait déclenché une révolte de ses actionnaires.

Depuis cette crise, et avec le nouveau changement à sa tête annoncé ce mardi, les postes clé chez Toshiba semblent "semi-toxiques", a commenté l'analyste de LigthStream Research Mio Kato sur la plateforme Smartkarma, estimant que l'ancien fleuron industriel et technologique nippon semblait désormais naviguer "sans gouvernail".

afp/buc