PARIS, 20 octobre (Reuters) - Deux projets pétroliers menés par Total entraînent des violations des droits de plus de 100.000 personnes en Ouganda et en Tanzanie, accusent les associations françaises Amis de la Terre France et Survie dans un rapport publié mardi.

Le groupe français n'a pas voulu faire de commentaire dans l'immédiat.

Les deux associations avaient porté l'affaire devant la justice en 2019, mais le tribunal de grande instance de Nanterre s'était déclaré en début d'année incompétent pour la juger.

Leur rapport, publié avant une audience en appel prévue le 28 octobre, précise que "la problématique d'accaparement des terres est au centre des violations subies par les communautés affectées".

Ces violations, ajoutent les deux associations, portent à la fois sur le droit de propriété mais également sur les droits à un niveau de vie suffisant, à l'alimentation, à l'éducation, à la santé, à un logement décent, à la vie et à la sûreté, à la liberté d'expression et à un consentement libre, préalable et informé.

Dans le cadre de leur action en justice, aux côtés de quatre associations ougandaises, Les Amis de la Terre France et Survie tentent de faire appliquer la loi française sur le devoir de vigilance obligeant légalement les maisons-mères des multinationales établies en France à prévenir les violations des droits humains et les dommages environnementaux liés à leurs activités dans le monde entier.

"Un an tout juste après (l'assignation) en justice, et malgré nos alertes appelant à prendre des mesures urgentes pour faire cesser les violations et éviter qu'elles ne se reproduisent à plus grande échelle, la situation s'est aggravée en Ouganda", écrivent-elles dans leur rapport.

"Il y a plus que jamais urgence à agir. Ce sont maintenant plusieurs dizaines de milliers de personnes qui sont impactées et qui ont commencé à perdre leurs moyens de subsistance avant même de percevoir la moindre compensation", ajoutent les deux associations, dont le rapport repose notamment sur une enquête de terrain réalisée en juin et septembre "dans différents districts impactés en Ouganda".

Evoquant des "déplacements massifs de population" liés au deux projets de Total - à savoir le projet Tilenga d'exploitation de gisements ougandais et un projet d'oléoduc -, les associations reprochent notamment au groupe pétrolier d'imposer des restrictions aux communautés "dans l'usage de leurs terres agricoles, dont elles dépendent pour survivre, et ce bien avant d'avoir reçu leurs compensations". (Benjamin Mallet, édité par Henri-Pierre André)