(Actualisation: précision sur les dépréciations d'actifs, commentaires d'analystes, contexte, réaction en Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le producteur d'énergies TotalEnergies a annoncé vendredi qu'il cesserait de consolider sa participation de 19,4% dans le producteur de gaz russe Novatek, ce qui entraînera une dépréciation d'environ 3,7 milliards de dollars dans ses comptes du quatrième trimestre.

Le groupe avait déjà passé une dépréciation de 3,1 milliards de dollars sur cette participation dans ses comptes du troisième trimestre. Au total depuis le début de l'année, le groupe a enregistré 14,4 milliards de dollars de pertes comptables sur ses actifs en Russie.

Par ailleurs, la compagnie pétrolière française n'enregistrera plus de réserves au titre de sa participation dans Novatek, avec un impact sur les réserves prouvées déclarées à fin 2021 de 1,7 milliard de barils. La durée de vie des réserves prouvées de TotalEnergies reste cependant supérieure à 11 années de production, a précisé le groupe.

TotalEnergies a en outre annoncé le départ de ses administrateurs le représentant au conseil d'administration de Novatek.

A 13h25, le titre TotalEnergies reculait de 1,9% à la Bourse de Paris, sur un marché en hausse de 0,1%.

Accords d'actionnaires

"Cette annonce va plutôt dans le sens de ceux qui plaident pour une sortie claire et nette du groupe de Russie", commente un analyste basé à Londres.

TotalEnergies a cependant indiqué qu'il n'était pas en mesure de céder sa participation de 19,4% dans Novatek, "compte tenu des accords en vigueur entre actionnaires", car l'un des principaux actionnaires du groupe russe est sous le coup de sanctions internationales. Novatek compte plusieurs oligarques à son capital ainsi que le groupe public russe Gazprom.

Le britannique BP, qui avait annoncé sa sortie de Russie quelques jours après le début de l'offensive russe en Ukraine, a reconnu cette semaine que la vente de sa participation de 19,75% dans le groupe public Rosneft était rendue "complexe" par les sanctions internationales et les restrictions du gouvernement russe.

TotalEnergies garde des actifs en Russie

TotalEnergies a été pointé du doigt pour n'avoir pas pris des mesures aussi rapides et radicales que ses concurrents vis-à-vis du marché russe. Son président-directeur général, Patrick Pouyanné, a indiqué à plusieurs reprises que le groupe maintenait ses contrats de long terme, notamment sa participation dans l'usine de liquéfaction du gaz Yamal LNG, dans un souci de sécurité d'approvisionnement de l'Europe et parce qu'il encourrait d'importantes pénalités financières en cas de résiliation. Il a cependant précisé que le groupe se conformerait à d'éventuelles sanctions internationales sur le gaz russe. Novatek est le premier actionnaire de Yamal LNG avec un intérêt de 50,1%, devant TotalEnergies et le chinois CNPC, tous deux à 20%.

"Nous ne nous attendons pas à ce que TotalEnergies retire ses intérêts du projet Yamal", qu'il s'agisse de son contrat d'approvisionnement ou de sa participation, soulignent les analystes de RBC Capital. Selon eux, la déconsolidation de la participation du groupe dans Novatek "marque probablement l'une des dernières étapes de son retrait partiel de la Russie".

L'intermédiaire s'attend également à ce que le groupe continue à percevoir des dividendes de sa participation dans Novatek. Au deuxième trimestre, ces dividendes s'étaient élevés à 350 millions de dollars. "Compte tenu de la vigueur des prix des matières premières cette année, nous pensons que le paiement prévu au quatrième trimestre sera plus important", souligne RBC.

-Pierre-Jean Lepagnot, Johann Corric et François Schott, Agefi-Dow Jones +33 (0)1 41 27 48 92; fschott@agefi.fr ed: VLV

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December 09, 2022 07:26 ET (12:26 GMT)