PARIS (Reuters) - L'équipementier français Novares, dont les composants plastiques équipent un véhicule sur trois dans le monde, réclame plusieurs dizaines de millions d'euros de dommages et intérêts à ses clients constructeurs automobiles pour compenser l'impact des arrêts répétés de leurs usines liés à la pénurie de puces.

"Nous avons dénombré pour nous 2.000 arrêts de production client soudains depuis le début de l'année, et une grosse centaine avec un préavis inférieur à 48 heures", a dit Pierre Boulet, directeur général de Novares, dans une interview à Reuters.

"On ne peut pas être responsable de l'assainissement des finances (des constructeurs). Nous sommes à plusieurs dizaines de millions d'euros de demandes de dommages et intérêts à l'ensemble de nos clients", a-t-il ajouté, soulignant que la situation est particulièrement tendue en Europe.

Alors que le secteur automobile tablait cet été sur un début d'amélioration au quatrième trimestre, les difficultés d'approvisionnement en composants électroniques en provenance d'Asie semblent maintenant parties pour durer jusqu'au début 2022.

Toyota a encore annoncé vendredi matin qu'il allait réduire de 15% sa production mondiale planifiée pour novembre en raison de la pénurie tandis que Skoda Auto, filiale de Volkswagen et principal exportateur de la République tchèque, a prévenu qu'elle "réduirait significativement, voire interromprait" sa production à compter de lundi prochain.

Renault actualisera quant lui sa prévision d'un peu plus de 200.000 voitures perdues sur l'année à cause des puces lors de la publication de son chiffre d'affaires du troisième trimestre vendredi qui vient. Stellantis, qui a brutalement arrêté la production de son usine allemande d'Eisenach pour plusieurs mois faute de composants électroniques, fera de même la semaine suivante pour sa projection de 1,4 million de véhicules en moins.

"Certains clients sont très courtois, ils nous préviennent à l'avance, sont prêts à compenser les surcoûts qu'ils ont généré chez nous, d'autres ne comprennent que le bras de fer", poursuit Pierre Boulet. "Nous sommes dans un monde viril, et quelque part un peu égoïste."

(Gilles Guillaume, édité par Blandine Hénault)