PARIS, 14 octobre (Reuters) - Trois élus du Parlement européen ont écrit à la préfecture du Bas-Rhin pour faire part de leurs vives inquiétudes quant à un contrat signé par l'aéroport de Strasbourg sur la fourniture de systèmes de contrôle de bagages en soute par le chinois Nuctech, d'après une lettre consultée par Reuters.

Dans cette lettre, adressée le 10 octobre à la préfète Josiane Chevalier, les trois signataires - Bart Groothuis (Renew), Nathalie Loiseau (Renew), Reinhard Bütikofer (Verts) - demandent à ce que le contrat soit annulé "jusqu'à ce qu'une enquête indépendante" soit menée pour s'assurer que la technologie de Nuctech ne donne lieu à aucun risque d'espionnage.

"Ma principale préoccupation ne concerne pas l'existence de portes dérobées dans ces produits chinois, car n'importe quelle mise à jour des logiciels peut permettre cela, mais la dépendance à l'égard d'une entreprise d'État qui est liée par la loi sur le renseignement chinois de 2017", a indiqué Bart Groothuis dans un courriel à Reuters.

La loi chinoise sur la cybersécurité oblige les entreprises à stocker des données en Chine ainsi qu'à accepter des contrôles de la part des autorités.

Nuctech, société en partie contrôlée par l'Etat chinois, n'a pas répondu à une demande de commentaire.

En 2020, les autorités américaines ont inscrit les produits de Nuctech sur liste noire.

Le président du directoire de l'aéroport de Strasbourg, Renaud Paubelle, a précisé dans un entretien que le contrat, signé début octobre, l'a été avec le distributeur français DETEKT'IN, chargé de la livraison et de la maintenance des équipements de Nuctech.

"L'émoi suscité à Strasbourg par l'achat de ce type de matériel m'étonne en fait," a-t-il dit, soulignant que les équipements de Nuctech avaient été agréés par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

"Personnellement, je déplore qu'on n'ait pas une offre européenne qui fut à la hauteur et qu'on aurait été très contents de pouvoir sélectionner," a-t-il ajouté.

Nuctech, la DGAC et le porte-parole de la préfète du Bas-Rhin n'ont pas répondu aux demandes de commentaire de Reuters. (Reportage Mathieu Rosemain, reportage additionnel de Michel Rose, version française Dina Kartit, édité par Sophie Louet)