L'action Ubisoft chute de 9,57% à 55,70 euros, retombant sur ses niveaux de mars 2020 au moment du creux de marché provoqué par la crise du Covid-19. L'éditeur de jeux vidéo a dévoilé des prévisions de résultats décevants pour le nouvel exercice en raison du décalage sur le suivant du jeu AAA (les plus importants), Skull and Bones. Ce dernier aurait pu apporter 100 millions d'euros de revenus supplémentaires, selon Berenberg.

Ubisoft cible un résultat opérationnel ajusté compris entre 420 et 500 millions d'euros et une croissance à un chiffre du net bookings, l'équivalent des revenus. Les marchés anticipaient respectivement 526 millions d'euros et une progression de l'activité de 9%.

La croissance du net bookings sera tirée à la fois par le back-catalogue et les nouvelles sorties. L'année verra notamment la sortie de Far Cry 6, Rainbow Six Quarantine, Riders Republic, mais également des titres free to play, The Division Heartland et Roller Champions. Ces jeux sont gratuits, mais la société se rémunère via les achats en ligne des joueurs destinés à améliorer leur expérience.

Selon UBS, le bas de la fourchette d'objectifs de profits n'intègre aucune contribution des jeux free to play. Berenberg salue la prudence du management sur la contribution de ces jeux aux résultats, rappelant la faible visibilité qui leur est associée.

" La stratégie d'Ubisoft apparaît plus risquée que jamais " a averti Invest Securities. L'analyste souligne le "faible track-record de l'éditeur dans le Free-to-Play" et fait part de ses "doutes persistants sur la transition du portefeuille de jeux d'action-aventure vers le RPG (NDLR : jeu de rôle) ".

Ces prévisions décevantes sont aussi liées à une nouvelle forte progression des dépenses en R&D, qui devraient augmenter de 15%, soit plus que les revenus et les profits. Cette progression reflète les investissements nécessaires au lancement des jeux free to play.

Confronté aux scepticisme de certains analystes sur sa stratégie, la direction doit, selon Berenberg, "montrer au plus vite que son investissement dans le free-to-play commence à porter ses fruits et donner des signes qu'elle peut assurer une croissance à deux chiffres de son chiffre d'affaires à moyen terme avec des marges en expansion ".

La déception sur les prévisions a relégué au second plan un résultat opérationnel record sur l'exercice 2020/2021. Il s'est élevé à 473,3 millions d'euros en données ajustées contre 34,2 millions d'euros réalisés en 2019-20, en ligne avec l'objectif compris entre 450 et 500 millions d'euros. Le net bookings a atteint 2,24 milliards d'euros, en hausse de 46,1% (+49,5% à taux de change constants).