Genève (awp) - Les banques systémiques, représentées à l'occasion du sommet sur la finance durable Building Bridges du 3 au 6 octobre à Genève, s'accordent à dire qu'il faut fixer des règles mondiales équitables et "guider les clients" dans leur demande de plus en plus croissante de réduire leurs émissions de CO2. A la question de savoir si la finance évolue assez rapidement pour répondre aux impératifs climatiques, la réponse est clairement non.

Marquée par la plus grande succession de hausses des taux d'intérêts depuis les années 80, l'exercice 2022 ne contribue pas à la sérénité des professionnels du secteur. "Cela demande une collaboration à tous les niveaux. Il faut identifier les coûts et les risques de cette transition énergétique pour pouvoir piloter plus efficacement les entreprises avec un crédit et un capital appropriés," explique René Nicolodi, responsable des actions et de la gestion d'actifs auprès de la Banque Cantonale de Zurich (ZKB).

Il y aurait selon la responsable de l'investissement durable au sein de Credit Suisse, Emma Crystal, environ 4000 milliards de dollars d'investissements demandés chaque année pour répondre aux objectifs de développement durable (Sustainable Development Goals SDGs). L'experte parle "de réelles opportunités à saisir." De son côté Sabine Magri, directrice des opérations chez UBS y voit "des changements. La nécessité première est de rendre les systèmes financiers plus clairs et d'éduquer les clients aux différentes possibilités offertes", en citant les "bluebonds" (titres de dette visant à financer des projets liés à la préservation des océans.)

De transactions en transactions

Pour ces banques, durabilité et rentabilité ne sont pas antinomiques. Mais pour ce faire, "il faut des données transparentes et des normes à établir ensemble avec les régulateurs," avance Sabine Magri. "Des normes existent telles que l'obligation de l'évaluation et de la publication des performances écologiques appelé "reporting". Il existe des règlementations aussi, près de 500 dans l'Union Européenne, mais elles varient d'un pays à l'autre à l'échelle mondiale, déplore la professionnelle qui demande des règles de jeu internationales équitables. 

La course au "zéro émission" promis pour 2050 lors de la conférence de Paris sur le climat, semble perdue d'avance. Les représentants d'UBS, Crédit Suisse et de la Banque Cantonale de Zurich évoquent en premier lieu et comme exemple phare le secteur immobilier "qui génère 25% du total des émissions de C02. Il serait utile d'aider nos clients particuliers à contracter des prêts de rénovation et à améliorer leur immobilier par exemple." René Nicolodi évoque des "clients de plus en plus conscients et demandeurs d'une finance verte encore trop complexe et en perpétuelle transformation."

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