Paris (awp/afp) - Se développer à l'international et se concentrer sur l'eau et les déchets, ses deux métiers historiques et pleins d'avenir: le "nouveau Suez" a présenté mardi sa stratégie de développement, avec pour objectif 4 à 5% de croissance annuelle moyenne de son chiffre d'affaires sur cinq ans.

"Suez est de retour!", a lancé Sabrina Soussan, qui a pris en février la direction du groupe, très amoindri après une OPA de son concurrent Veolia sur 60% de ses actifs.

Dans un secteur de services essentiels en pleine progression, Suez vise une activité en hausse annuelle de 4 à 5% de 2022 à 2027, et une croissance de sa rentabilité encore supérieure.

Pour cela, le groupe, soutenu par un consortium d'investisseurs, compte doubler ses investissements de développement sur cinq ans par rapport à la période précédente à périmètre comparable, avec au moins 860 millions d'euros supplémentaires, a-t-il annoncé. Ce budget, consacré en particulier à l'innovation, n'inclut ni la maintenance ni les acquisitions éventuelles.

La PDG, qui a notamment travaillé chez Siemens en Allemagne, a pointé des réalisations "extraordinaires" depuis la refondation du groupe, notamment trois acquisitions: la plus grande entreprise de gestion de déchets d'Afrique du Sud, le rachat des activités déchets dangereux de Suez en France et surtout celles de déchets en Grande-Bretagne, deux actifs que Veolia n'a pu garder pour cause de contraintes anti-trust.

Pour le seul actif britannique, racheté au prix de deux milliards de livres (2,3 milliards d'euros), c'est environ un milliard d'euros annuels d'activité.

"Très confiante "

Suez, qui en 2020 engrangeait environ 17 milliards d'euros de chiffre d'affaires, est tombé à 7,5 milliards et 35.000 collaborateurs début 2022, après l'OPA. Aujourd'hui, il compte 9 milliards et 44.000 salariés, souligne Mme Soussan.

"Cela a permis de donner à l'entreprise une trajectoire ascendante en un temps record, les collaborateurs expriment leur fierté d'appartenir à Suez", selon la dirigeante, "très confiante" dans l'atteinte des objectifs.

"Nous allons nous focaliser sur nos métiers historiques, l'eau et le déchets, et nous différencier par l'innovation, l'expérience client, l'investissement et la création de valeur, pas seulement pour nos actionnaires, mais pour nos clients, nos collaborateurs et pour la société", a-t-elle expliqué.

Sécheresse, raréfaction de l'eau ou des matières... "on a des réponses", souligne-t-elle, ajoutant que Suez a gardé ses neuf centres de recherche-développement et ses 1.600 brevets.

La gestion de l'eau et des déchets dans le monde est un énorme marché, évalué à 800 milliards et 1.400 milliards d'euros respectivement, mais il est fragmenté et disputé par une myriade d'entreprises. Le numéro un mondial lui-même, Veolia, n'a "que" 5% de parts de marché.

Suez est présent dans 40 pays, notamment en Inde, en Chine, au Maroc ou encore en Italie.

Mardi, il a annoncé avoir remporté un contrat de 700 millions d'euros sur 20 ans pour le traitement des eaux usées d'une partie de Bombay.

A horizon 2027, le plan vise 40% du chiffre d'affaires à l'international (25% aujourd'hui).

En France, du côté des contrats municipaux, des échéances se profilent à Lille ou en Ile-de-France (Sedif). Mme Soussan ne voit pas la "remunicipalisation" récente décidée par certaines villes (Lyon, Grenoble...) comme une menace, et préfère parler de "partenariats".

Elle affiche son souci de "fédérer tous les collaborateurs" du groupe et de susciter un esprit d'"entrepreneuriat local", au sein d'une entreprise très ancrée dans les territoires.

Depuis son arrivée, elle a passé du temps à rencontrer le personnel, secoué par 18 mois de bataille souvent violente avec Veolia.

Son plan stratégique, elle l'a présenté la semaine dernière à 250 cadres venus du monde entier. Mardi, c'était au tour de tout le personnel, en visioconférence depuis le centre de déchets de Carrières-sous-Poissy (Yvelines) "plutôt que depuis la tour Suez" de La Défense.

Et comme promis pendant la bataille de l'OPA, Suez a annoncé mardi l'ouverture de son capital aux salariés. Objectif: 3% en 2022, et 10% d'ici 5 à 7 ans, au côté des principaux investisseurs, les fonds Meridiam et GIP avec la Caisse des dépôts et CNP Assurances.

afp/rp