PARIS (awp/afp) - L'offre rachat de Suez constitue une opération "hostile" qui aboutirait à la destruction par Veolia de son "grand concurrent", a estimé dimanche dans une tribune au Figaro Gérard Mestrallet, ancien patron d'Engie et de Suez, qui doit donc selon lui "rester indépendant".

"J'ai toujours été opposé aux opérations hostiles, parce qu'elles sont destructrices de motivation, d'enthousiasme, de mobilisation, d'esprit d'équipe et finalement destructrices de valeur", affirme l'actuel président d'honneur de Suez et d'Engie.

"On ne fusionne pas des machines comme souvent dans l'industrie, mais des femmes et des hommes, des relations historiques avec les élus, des partenariats établis de longue date. Nous sommes dans les services, une activité reposant avant tout sur le capital humain", explique-t-il.

Veolia, leader mondial du traitement de l'eau et des déchets, souhaite racheter son concurrent historique Suez, en commençant par la reprise de l'essentiel des parts (29,9%) détenues par Engie pour 2,9 milliards d'euros avant de lancer une OPA auprès des autres actionnaires.

Pour M. Mestrallet, Veolia, déjà endettée, devra s'endetter encore davantage et ne pourra ensuite réduire sa dette "qu'en vendant l'essentiel des actifs récupérés chez Suez".

"Veolia aurait détruit - enfin après tant de tentatives qui ont toutes échoué - son grand concurrent. Ne serait-ce pas en vérité l'objectif réel, mais caché ?", s'interroge-t-il.

"À la fin, au lieu d'avoir deux groupes qui font aujourd'hui rayonner le prestige français dans le monde (...), nous n'aurions qu'un seul groupe représentant à peine plus que l'une des deux entreprises", conclut-il.

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