Nanterre (awp/afp) - Vinci Construction France a été mis en examen en février pour "corruption privée" dans une instruction qui vise également l'ex-gérante de fortune en France de l'ancien émir du Qatar, bénéficiaire présumée de cette corruption, a indiqué vendredi le parquet de Nanterre, sollicité par l'AFP.

Un juge d'instruction de Nanterre soupçonne Vinci Construction France, un des leaders du bâtiment dans le pays, d'avoir versé "plusieurs millions d'euros", notamment par l'intermédiaire de deux filiales, "à une société" appartenant à l'ex-gérante de fortune qatarie, Chadia Clot, explique à l'AFP une source proche de l'enquête.

La contrepartie suspectée: obtenir certaines conventions "telles que la rénovation des salons de l'hôtel Ritz ou encore la réhabilitation de la Samaritaine à Paris", poursuit cette source.

Selon la même source, "plusieurs millions d'euros" auraient été maquillés, entre 2008 et 2016, comme des "soi-disant travaux de décoration dans le cadre de chantiers" facturés par Vinci Construction France.

La femme d'affaires d'origine palestinienne Chadia Clot a dirigé le fonds French Property Management (FPM), dédié aux investissements de l'ancien émir qatari, Hamad Ben Khalifa Al-Thani, jusqu'en juin 2017.

Elle et son compagnon ont été mis en examen, en janvier dernier, pour "corruption privée passive", soupçonnés d'être les bénéficiaires de cette corruption présumée, a confirmé le parquet de Nanterre. Contacté par l'AFP, l'avocat de Chadia Clot n'a pas souhaité s'exprimer.

Un signalement Tracfin en 2015 avait provoqué l'ouverture d'une enquête préliminaire par le pôle éco-financier du parquet de Nanterre. L'enquête avait été confié à un juge d'instruction en 2018.

Outre Vinci Construction France, ses filiales Petit et GTM Bâtiment ont également été mises en examen, en février, pour "corruption privée" pour la même période de faits reprochés, de 2008 à 2016. Vinci Construction France et Petit sont également inquiétés pour "complicité de faux et usage de faux en écriture privée".

Vinci Construction France et son avocate, ainsi que l'avocat de l'entreprise Petit, n'étaient pas joignables dans l'immédiat. L'avocate de GTM Bâtiment n'a pas souhaité réagir.

Dans cette affaire, un décorateur est également mis en examen pour "corruption privée". Son avocate n'était pas immédiatement dans l'immédiat.

afp/al