Sur le marché plus que jamais porteur et concurrentiel de la transformation digitale, Visiativ occupe une place à part. Cette société de services qui a grandi dans l’écosystème de Dassault Systèmes s’est lancée dans une diversification, une montée en gamme et une internationalisation à marche forcée., non sans succès. Entretien avec son PDG.

Laurent Fiard, comment Visiativ se distingue sur le marché concurrentiel de la transformation numérique ?

"La transformation numérique est un sujet de plus en plus d’actualité dont nous parlions dès notre introduction en Bourse en 2014. Pour nous, elle doit être partie intégrante de la stratégie de l’entreprise et contribuer directement à sa croissance et sa compétitivité. Visiativ, qui a grandi depuis 1997 en tant qu’intégrateur de solutions Dassault Systèmes auprès de clients PME/ETI, transforme aujourd’hui tous types de PME et ETI en plateformes phygitales (ndlr : physiques et digitales). De tels projets, qui peuvent mettre 3 ans à aboutir, concernent l’intégralité du système d’information et des fonctions de l’entreprise. Aujourd’hui, 62% de nos revenus proviennent de l’intégration de produits Dassault Systèmes, activité qui évolue avec l’enrichissement de la gamme 3DEXPERIENCE. Sur cette activité, nous sommes présents dans 6 pays, avec 80% de parts de marché en France sur les PME. A côté de cette activité historique, 38% de nos revenus proviennent de notre pôle Visiativ Platform qui regroupe les activités de transformation transversale de l’entreprise. Cette activité, récurrente pour les deux tiers comme la première, tire notre croissance organique et les marges de Visiativ vers le haut."

Répartition des ventes du Groupe (source : société)

Répartition des ventes du Groupe (source : société)

Comment l’entreprise ressent-elle la crise actuelle et quelle est la visibilité sur la sortie de crise ?

"Jusqu’à l’apparition de la crise sanitaire, nous maintenions notre rythme historique de 10% de croissance organique annuelle. Malheureusement, comme toute la profession, nous sommes fortement touchés, avec des reports de livraisons et de projets. Nous avons pu délivrer seulement une partie de notre carnet de commandes et rares ont été les nouvelles commandes pendant la période de confinement. Au premier trimestre, notre chiffre d’affaires a finalement affiché une hausse de +2%, dont -1% en organique. Sur la sortie de crise, nous sommes relativement sereins. Le digital, l’accès au système d’information en toute sécurité et dans toutes les configurations est devenu prioritaire pour nos clients. Notre position concurrentielle et notre situation financière doivent nous permettre d’accélérer en sortie de crise, même si nous n’en connaissons pas le timing. Le dernier semestre sera important pour nous car notre activité est traditionnellement très forte au 4ème trimestre. Nous prévoyons que nos interlocuteurs, les 18 000 dirigeants de PME qui constituent notre portefeuille clients, vont passer, chacun à des rythmes différents, par trois phases que nous avons identifié : l’urgence et la survie, la relance avec des soutiens gouvernementaux forts pour le numérique, et enfin la phase de renaissance qui pose la question de transformation pour sortir plus fort de la crise."

Une clientèle très diversifiée (source : société)

Une clientèle très diversifiée (source : société)

Et vous chez Visiativ, comment gérez-vous à court terme ?

"A part l’activité commerciale qui a connu une période de chômage partiel et des recrutements suspendus jusqu’à fin mai, nous avons maintenu toutes nos activités et même intensifié notre R&D interne. Notre activité de conseil en innovation est restée très dynamique car elle permet aux entreprises de générer de la trésorerie. Notre propre situation de trésorerie est confortable, avec une trentaine de millions d’euros disponibles. Consolidateur structurel de notre marché, avec 21 acquisitions depuis notre introduction en Bourse, nous avons mis en suspend notre politique de croissance externe."

Votre plan Catalyst 2023 reste-t-il d’actualité ?

"Ce plan stratégique, qui doit nous permettre d’atteindre 30 M€ d’EBITDA en 2023 contre 18,7 M€ en 2019, est basé essentiellement sur de la croissance interne, même si quelques acquisitions très relutives pour nos marges doivent le compléter. Ces acquisitions ne nécessitant pas d’augmentation de capital, la faiblesse de notre cours de Bourse ne le remet pas en question. Notre taux d’endettement n’est pas problématique, nous nous sommes endettés à des taux très compétitifs pour réaliser des acquisitions très relutives et nous n’avons pas d’échéances bancaires majeures avant plusieurs années."

Les chiffres clé du Groupe (source : société)

Les chiffres clé du Groupe (source : société)

L'auteur est actionnaire de la société à titre personnel.