Francfort (awp/afp) - L'ancien PDG de la société de paiements Wirecard, Markus Braun, a été renvoyé en procès pénal par la justice allemande dans le cadre de l'enquête sur la faillite retentissante de l'entreprise qui avait ébranlé la place financière allemande en 2020, a indiqué mercredi le tribunal de Munich.

Cerveaux présumés de ce vaste scandale, M. Braun, actuellement détenu, ainsi que deux autres anciens cadres, se voient reprocher une série de délits passibles de la prison, incluant ceux de fraude en bande organisée, a précisé le tribunal dans un communiqué.

Les dates de leur procès doivent être connues d'ici quelques semaines.

Fleuron des paiements numériques s'étant hissé parmi les valeurs de l'indice Dax, qui regroupe l'élite boursière allemande, Wirecard s'est effondré en juin 2020 lorsque ses dirigeants ont avoué que 1,9 milliard d'euros d'actifs, soit un quart de la taille du bilan, n'existaient pas en réalité.

Cette faillite a constitué "le plus grand scandale financier" ayant jamais touché le pays, avait reconnu le ministre des Finances de l'époque, Olaf Scholz, aujourd'hui chancelier d'Allemagne.

Le tribunal de Munich qui a mis plus de six mois à examiner l'acte d'accusation bouclé en mars par le parquet, a décidé d'ouvrir un procès pénal qui s'annonce complexe et long.

Le trio est accusé de fraude comptable, de manipulation de marché, d'abus de confiance particulièrement graves et d'escroquerie en bande organisée.

Pour finaliser l'acte d'accusation de pas moins de 474 pages, le parquet avait dû identifier et vérifier 340 entreprises, 450 personnes et plus de 1.100 comptes bancaires.

Les deux autres prévenus sont Stephan von Erffa, ancien chef comptable de Wirecard et Oliver Bellenhaus, ancien directeur d'une filiale de Wirecard basée à Dubaï.

Les recherches se poursuivent en revanche pour localiser le bras droit de M. Braun, Jan Marsalek, en fuite depuis 2020.

Cet ancien responsable financier de l'entreprise est soupçonné d'avoir bénéficié de complicités au sein de certains services secrets et d'être lié à des intérêts russes. Selon une récente investigation journalistique internationale il vit réfugié en Russie.

L'enquête criminelle a révélé que les états financiers consolidés de Wirecard pour les années 2015 à 2018 étaient incorrects et ne reflétaient pas de façon exacte la situation du groupe, selon l'accusation du parquet.

Explication: une partie des produits comptabilisés, basés sur des services de paiements, ne provenaient pas de Wirecard mais de tiers, en raison de l'absence de licences propres ou parce que ces tiers exerçaient des activités à haut risque telles que la pornographie ou les jeux d'argent.

Le tout pour faire apparaître l'entreprise plus saine et performante qu'elle ne l'était en réalité.

Par ce biais, l'entreprise a pu obtenir quatre prêts d'un montant d'environ 1,7 milliard d'euros et effectuer deux émissions obligataires d'environ 1,4 milliard d'euros, selon la justice.

afp/rp