par Hannah Lang, Niket Nishant et Manya Saini

28 novembre (Reuters) - BlockFi, une plate-forme de prêts de cryptoactifs, a annoncé lundi se placer sous la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, une mauvaise nouvelle de plus pour un secteur plongé dans une grave de crise de confiance depuis la chute de FTX il y a moins d'un mois.

BlockFi, dont le siège social se trouve dans l'Etat du New Jersey, précise que FTX était son deuxième créancier (sur un total de plus de 100.000) et qu'elle lui devait 275 millions de dollars (265 millions d'euros) au titre d'un prêt dont l'échéance avait été repoussée.

Un accord signé avec FTX en juillet prévoyait aussi l'ouverture par celui-ci d'une facilité de crédit de 400 millions de dollars au bénéfice de BlockFi et était assorti d'une option d'achat pour un montant susceptible d'atteindre 240 millions de dollars.

Le dépôt de bilan de BlockFi intervient après ceux, en juillet, de deux de ses principaux concurrents, Celsius Network et Voyager Digital, que ces derniers avaient justifiés par des conditions de marché extrêmes ayant provoqué de lourdes pertes.

Les prêteurs de crypto comme BlockFi se sont développés très rapidement pendant la pandémie en attirant des investisseurs individuels auxquels ils promettaient des taux de rémunération à deux chiffres de leurs dépôts de cryptomonnaies tout en prêtant ces actifs à des investisseurs institutionnels, principalement des "hedge funds", prêts à débourser des intérêts élevés.

Ces plate-formes ne sont pas soumises aux mêmes exigences de fonds propres ou de liquidités que les établissements de crédit "classiques" et certains se trouvent très fragilisés lorsque le manque de garanties (ou collatéral) les oblige, ou oblige leurs clients, à comptabiliser de lourdes pertes.

Le premier créancier de BlockFi est Ankura Trust, une société spécialisée dans la représentation de prêteurs dans des dossiers de ce type, à laquelle il doit 729 millions de dollars.

Valar Ventures, une société de capital-risque liée à l'investisseur Peter Thiel, détient quant à elle 19% du capital de BlockFi.

Plus surprenant, ce dernier précise que la Securities and Exchange Commission (SEC), l'autorité des marchés financiers américains, figure parmi ses principaux créanciers, à hauteur de 30 millions de dollars.

En février, une filiale de BlockFi avait accepté de payer 100 millions de dollars à la SEC et à 32 Etats américains pour mettre fin aux procédures ouvertes en lien avec l'un de ses produits financiers.

Sur un blog, BlockFi assure que son placement sous la protection de la loi sur les faillites lui permettra de stabiliser ses activités et de protéger au mieux les intérêts de toutes les parties prenantes.

Le groupe avait auparavant interrompu les retraits sur sa plate-forme et reconnu être fortement exposé à FTX et ses affiliés. (Reportage Hannah Lang à Washington, Niket Nishant et Manya Saini à Bangalore et Elizabeth Howcroft à Londres, avec Dietrich Knauth; version française Marc Angrand, édité par Matthieu Protard)