Le marché du crédit se trouve face à une situation contrastée, constate AllianzGI. D’un côté, le soutien des banques centrales et des gouvernements, qui a permis d’éviter une crise de liquidité, n’a jamais été aussi fort. Le rythme des dégradations ralentit et la vague de « fallen angels », déjà bien entamée selon les estimations d’AllianzGI, a été bien absorbée par le marché. Enfin, le coût de financement est de nouveau particulièrement bas pour les entreprises.

De l'autre, dans un contexte où l'épidémie de Covid-19 repart à la hausse et le rebond économique post déconfinement s'essouffle, les nuages s'amoncèlent, relève AllianzGI. Les fondamentaux des entreprises se sont détériorés, notamment dans les secteurs particulièrement affectés par la pandémie, avec comme conséquence un niveau d'endettement non soutenable dans le temps pour certains émetteurs. De plus, les risques liés au Brexit et aux élections américaines devraient entretenir la volatilité dans les prochaines semaines.

" Dans un contexte très incertain, le marché du crédit européen, qui a quasiment retrouvé ses niveaux du début d'année et reste fortement soutenu par les autorités, offre de la valeur aux investisseurs. Il faut toutefois rester plus que jamais vigilant, notamment du fait des défauts à venir dans la catégorie High Yield ", explique Vincent Marioni, responsable des investissements Crédit.

En termes sectoriels, AllianzGI est sous-pondéré sur le secteur tourisme et loisirs, le plus exposé à la pandémie et en proie à une crise sans précédent. Effondrement du trafic aérien, restrictions du tourisme d'affaires, annulations des grands événements…l'année quasi-blanche ne sera pas rattrapée.

Malgré une réaction rapide des entreprises qui ont su préserver leur cash et renforcer leur liquidité, de nombreuses dégradations de notations ont eu lieu dans ce secteur, et pourraient se poursuivre, compte tenu des perspectives négatives.

" Même si certains segments ont rebondi, notamment le tourisme de proximité, nous n'attendons pas de retour à la normale avant 2022-2023. De plus, le retrait des mesures temporaires de soutien et l'augmentation de l'endettement pourraient provoquer une vague de faillites et de consolidations dans le secteur ", a commenté Stéphanie Iem, analyste.

En revanche, AllianzGI continue à privilégier le secteur bancaire. Les banques, considérées comme partie de la solution à la crise, bénéficient d'un soutien massif des gouvernements. Grâce aux mesures publiques et un allègement de la réglementation, la crise du système financier a été évitée et les banques conservent des fondamentaux stables : le coût du risque n'a que faiblement augmenté, sans corrélation avec la forte chute du PIB.

" Il faut toutefois être sélectif en termes de géographie : si les banques allemandes et, dans une moindre mesure, françaises, devraient voir leur coût du risque baisser en 2021, nous sommes plus prudents sur les italiennes et le mouvement de consolidation en Espagne démontre les inquiétudes face à l'accélération des pertes ", remarque Simon Outin, analyste/gérant.