Le 6 janvier dernier, l’Euro côtoyait les 1.235 dollars. Or depuis cette date, l’entame d’une longue tendance baissière porte la monnaie unique à 1.128 dollars soit une baisse de l’ordre des 8.5%. Cette chute brutale du taux de change euro/dollars s’explique principalement par d’importants vents contraires quant aux annonces de la BCE et de la FED concernant l’évolution de leurs politiques monétaires. Si les États-Unis ont commencé à réduire leurs achats d’actifs (réduction mensuelle de 15Mds$), Christine Lagarde semble pour une fois, ne pas vouloir copier les décisions de l’Oncle Sam. Et à en croire les dires de la BCE qui ne prévoit ni hausse des taux ni tapering alors que l’inflation annuelle s’envole de 4,1%, rien ne nous porte à croire qu’un rebond de l’euro/dollar à court terme est envisageable.

Une hypothèse renforcée par la recrudescence des cas de COVID-19 dans l’ancienne zone Deutschemark (Allemagne, Autriche et Benelux) et aux Pays-Bas. Le différentiel de croissance, déjà important, entre les USA et la Zone Euro pourrait donc encore s'accroître avant la fin d’année. Depuis le premier trimestre 2020, 6% séparent déjà les taux de croissance du PIB américain et celui de la Zone Euro.

Cette baisse peut cependant être perçue comme une bonne nouvelle pour l’activité économique de l’UEM. Si nous nous fions à la parité des pouvoirs d’achat (PPA) et au taux de change naturel (Natrex), un euro devrait théoriquement s’échanger contre 1.10 dollars. Pour autant, n’oublions pas que la plupart des politiques monétaires des banques centrales ont complètement changé les fondamentaux et les niveaux théoriques n’ont pas été rencontrés depuis de nombreuses années.

Enfin, n’oublions pas que le niveau d’équilibre de l’euro est différent selon les pays. Allant de 1.35 dollar pour l’Allemagne à 0.70 dollar pour la Grèce (1.05 dollar pour la France). Autrement dit, l’euro reste encore trop élevé dans de nombreux pays de la Zone Euro pour permettre un retour durable de la croissance. Ainsi en 2022, la croissance structurelle de la France comme pour l’ensemble de la Zone Euro devrait retrouver ses niveaux structurels, c’est-à-dire autour de 1 %. Tout nous porte donc à croire qu’à moyen terme, l’Euro pourrait encore perdre du terrain face au dollar américain.