Le sol s'est ouvert sous l'euro au milieu du mois de juin, alors que la monnaie unique tentait péniblement de se maintenir au-dessus de la ligne de crête des 1.22 dollar. En cause, l'annonce d'un changement de cap de la politique monétaire de la banque centrale américaine, qui se met en ordre de bataille pour faire repartir ses taux d'intérêts à la hausse. D'une part, parce que le pic d'inflation a gagné en vigueur, d'autre part parce que la reprise économique américaine est suffisamment vigoureuse pour encaisser cette nouvelle donne.

La remontée du dollar jusque dans la zone des 1.19 vient contrecarrer les paris de la fin de l'année 2020. A l'époque, les économistes pensaient que la zone euro s'en sortirait mieux que les Etats-Unis face à la pandémie, et l'on spéculait sur un plan de relance XXL de la part de l'administration Biden. Le pari long EUR / short USD était d'ailleurs l'un des plus consensuels du marché. Mais les Etats-Unis ont mieux géré la situation sanitaire et la Maison Blanche a dû revoir ses ambitions budgétaires à la baisse, face à la levée de boucliers républicaine. Au final, l'euro n'a pas eu le parcours escompté.

Et ce n'est pas la position plus offensive adoptée par la Fed qui va changer la donne à court terme. A priori, la Réserve fédérale va devoir composer avec une poussée inflationniste plus forte que celle qui frappe la zone euro. Les hausses très médiatiques du prix du bois de construction ou du tarif des véhicules d'occasion aux Etats-Unis s'accompagnent de tensions sur le marché du travail alors même que le chômage est encore loin d'être résorbé. Il y a fort à parier que tant que la Fed aura une longueur d'avance dans le cycle monétaire, le dollar bénéficiera d'une solide assise. 

Techniquement, la parité revient rapidement sur ses niveaux d’avril, après avoir testé à plusieurs reprises le seuil des 1.225 USD. La zone des 18/18.5 USD constitue l'ultime rempart avant un retour des cours vers les 1.165 USD.