par Mehmet Caliskan et Umit Bektas

ANTAKYA, Turquie, 9 février (Reuters) - Le bilan des séismes survenus cette semaine en Turquie et en Syrie a grimpé jeudi à près de 16.000 morts, alors que la colère monte chez les habitants des zones sinistrées, qui accusent le gouvernement d'avoir fourni des secours tardifs et inadéquats et que les espoirs de retrouver des survivants s'amenuisent.

Selon un responsable turc, la catastrophe pose de "très sérieuses difficultés" pour la tenue de l'élection présidentielle prévue le 14 mai, mettant sous pression le président Recep Tayyip Erdogan.

Les habitants se plaignent du manque d'équipement, d'expertise et de soutien pour secourir les personnes prises au piège, tandis que Recep Tayyip Erdogan a promis que personne ne serait laissé sans abri, indiquant que les opérations de secours se déroulaient désormais normalement.

Le bilan des victimes en Turquie est passé jeudi matin à 12.873 morts tandis qu'en Syrie, déjà dévastée par près de 12 ans de guerre civile, le gouvernement et les secours dans le nord-ouest tenu par les rebelles ont fait état de plus de 3.000 décès.

"Le nombre de morts et de blessés devrait s'alourdir considérablement, de nombreuses familles se trouvant encore sous les bâtiments effondrés", a déclaré jeudi matin à Reuters Raed Saleh, chef du service de secours dans le nord-ouest de la Syrie.

"Aucune aide n'est encore arrivée et nous attendons aujourd'hui de voir si elle arrive", a-t-il ajouté.

L'aide de l'Onu dans cette zone de la Syrie, vitale pour près de 4 millions de personnes, devrait recommencer à être acheminée jeudi après que la route a été coupée par le tremblement de terre.

L'ambassadeur de Syrie auprès des Nations unies a reconnu un "manque de capacités et d'équipements" du gouvernement, rejetant la faute sur plus d'une décennie de guerre civile et sur les sanctions occidentales.

Selon El-Mostafa Benlamlih, coordinateur de l'Onu en Syrie, 10,9 millions de personnes ont été touchées par la catastrophe dans les gouvernorats du nord-ouest de Hama, Lattaquié, Idlib, Alep et Tartous.

(Avec la contribution de Orhan Coskun à Ankara, Ece Toksabay à Adana, Jonathan Spicer, Daren Butler and Ezgi Erkoyun à Istanbul, Maya Gebeily dans le sud de la Turquie, Khalil Ashawi dans le nord de la Syrie, Suleiman al-Khalidi à Amman et Tom Perry in Beyrouth; version française Camille Raynaud et Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)