Les 70 M€ d’encours du fonds Amplegest PME sont investis au capital de PME et ETI cotées à la manière d’un fonds de "private equity". Le fonds est concentré sur une quarantaine de dossiers rigoureusement choisis avec un horizon de détention long. Actuellement 100% investis, le gérant voit dans la cote actuelle un grand nombre d’opportunités sur les petites et moyennes valeurs.  Entretien.

Le fonds surperforme sa catégorie sur 5 ans. Source : Quantalys

Augustin Bloch-Lainé, Amplegest PME figure parmi les meilleurs fonds small caps de la place, avec une performance de +43% sur 5 ans au 17 août 2020. Comment faites-vous la différence ?

"Ce fonds lancé il y a un peu plus de cinq ans investit dans des PME et ETI françaises dont la capitalisation médiane avoisine les 300 M€. Comme dans le capital investissement, notre performance est tout simplement la conséquence, dans la durée, de la croissance bénéficiaire des sociétés en portefeuille auxquels viennent s’ajouter l’effet de levier du désendettement par la génération de flux de trésorerie et parfois l’inflation des multiples de valorisation. Nous sommes en effet très vigilants aux valorisations lorsque nous achetons un titre, l’objectif n’est pas d’investir au plus bas du cours mais d’acheter à un prix cohérent par rapport au reste de la cote. Le rapport croissance/valorisation du titre doit être plus attractif que celui du marché. Nous voulons nous mettre le plus possible à l’abri des gros accidents et des ‘derating’ massifs. Avec seulement 40 valeurs en portefeuille, nous privilégions la concentration car les bonnes affaires sont rares et la diversification n’est pas synonyme de réduction du risque. Au contraire, nous pensons qu’être concentré nous permet de moins nous disperser et d’être plus productif. Dans notre esprit nous inscrivons toujours le scénario du pire afin d’asseoir notre conviction. La crise sanitaire nous a confortés dans cette approche. Notre équipe de 4 analystes nous permet d’internaliser toute la recherche, condition absolue pour générer de véritables convictions et maitriser le rythme de ses investissements."

On retrouve chez Amplegest les moteurs de la performance du capital investissement (source Amplegest)

Quel type de valeur a sa place dans Amplegest PME ?

"Je dirais que le fonds investit dans des sociétés en croissance à prix raisonnable, au métier et au modèle économique facile à comprendre avec une perspective claire de changement de taille à horizon trois-cinq ans qui n’est pas encore valorisée par le marché. De fortes barrières à l’entrée doivent également être identifiées et l’ambition d’être performant dans des périodes difficiles nous oriente vers des sociétés qui bénéficient d’une certaine récurrence dans leur activité et qui développent des services/produits à forte valeur ajoutée. Le secteur des éditeurs de logiciel est riche en valeurs de ce type. Je pense notamment à Pharmagest Interactive que nous avons entré à 10€ et que nous avons allégé récemment au-dessus de 80€. Au début de l’histoire Pharmagest n’équipait que les pharmacies avec des parts de marché élevées en France, aujourd’hui elle équipe des hôpitaux, des Ehpad et numérise toute la chaîne médicale avec une empreinte plus européenne, d’où une valorisation décuplée. Sur ces dossiers, nous avons eu l’opportunité d’investir très tôt. Quand ce n’est pas le cas, il faut savoir être patient et attendre un accident (opérationnel ou boursier) pour se positionner."  

Principales lignes du fonds à fin juillet 2020

Quel regard portez-vous sur la valorisation des petites et moyennes valeurs ?

"Il est difficile de juger la cote dans son ensemble, mais globalement, sur la base des multiples 2021, les small et mid ne sont pas spécialement chères et offrent toujours une décote par rapport aux grandes malgré leur surperformance récente. Ce qui est sûr c’est que nous sommes très investis et que nombreux sont les dossiers que nous regardons actuellement. Il sera intéressant de voir comment se déroule le troisième trimestre sachant que les sociétés ont vu leurs carnets de commandes chuter au deuxième et que les dispositifs d’aides se tarissent, je pense notamment au chômage partiel. La crise nous a permis de vérifier la solidité de nos dossiers et nous a conforté dans l’attractivité des ESN. Il suffit de regarder ce qui s’est passé sur Devoteam, qui reste une des principales lignes de notre portefeuille après l’OPA réalisé par le management. La société devrait rester cotée et nous avons des ambitions supérieures au prix de l’offre, ce qui nous incite à réserver notre décision et à regarder d’autres ESN qui méritent un rerating comme Infotel, que nous avons renforcé dernièrement. De façon plus générale, je suis convaincu que les sociétés de services ont de beaux jours devant elles quand elles permettent à leurs clients de variabiliser leurs coûts."

Les valeurs moyennes restent décotées par rapport au CAC 40

Une autre valeur que vous avez entrée récemment dans le fonds ?

"Nous pouvons évoquer un dossier un peu plus contrariant, Reworld Media. Reworld est une très belle histoire d’acquisition de magazines et de transformation digitale de ces derniers. Le dossier a pâti à tort de son appartenance au secteur des media avec la chute des budgets publicitaires en temps de crise mais en fait, la récurrence des abonnements est très forte. De plus, la digitalisation des contenus réduit les coûts et les résultats devraient être soutenus ces prochaines années malgré le déclin de la presse papier. Le tout pour une valorisation très attractive de l’ordre de 3 fois le résultat d’exploitation. L’écartement des multiples est excessif en ce moment, le marché raisonne secteur par secteur et non plus valeur par valeur. Cela crée des opportunités."

Le fonds, point bleu sur le graphique de droite, offre un bon rapport risque/rentabilité sur 5 ans (Source : Quantalys)

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