Malgré la fermeté des propos des banquiers centraux sur la nécessité de poursuivre les resserrements monétaires cette année, le récent ralentissement de l’inflation de part et d’autre de l’Atlantique a ravivé l’appétit pour le risque des opérateurs depuis le début de l’année, tout comme la perspective d’une réouverture de la Chine.

L’Europe a très nettement surperformé et certains grands indices frôlent d’ores été déjà des performances à deux chiffres, à l’image de l’Eurostoxx50 (+9.6%), du CAC40 (+8.6%) ou du Dax (+8.6%) mais c’est le MSCI China qui se distingue le plus en s'adjugeant 12.1% depuis le 1er janvier. Wall Street reste néanmoins à la traîne, partagé entre les espoirs d’un ralentissement des resserrements monétaires et les craintes de récession, alors que les dernières publications macroéconomiques semblent aller dans ce sens.

Les indices ISM manufacturier et services sont, en effet, ressortis à respectivement 48.4 et 49.6 (contre 49 et 56.5 précédemment), les commandes industrielles reculent de 1.8%, les ventes au détail de 1.1% et la production industrielle de 0.7%. Le marché de l’emploi demeure néanmoins robuste et l’inflation tend à décélérer, à l’image de l’indice des prix à la production en baisse de 0.5% (-0.1% pour les prix à la consommation, soit 6.5% sur un an contre 7.1% le mois dernier). Plusieurs membres de la Fed ont néanmoins martelé qu’il était trop tôt pour lever le pied et que les taux devraient dépasser les 5% cette année, contrairement aux anticipations actuelles du marché.

En zone euro, le temps est au beau fixe, avec un indice PMI services qui se redresse à 49.8 (contre 49.1 le mois dernier) ou des ventes au détail en hausse de 0.8%. Les données sur l’inflation ont agréablement surpris puisque l’indice PPI recule de 0.9% en novembre (après -3%) et l’indice CPI s’établit à 9.2% (contre 10.1% en novembre). Les rumeurs évoquant que la BCE pourrait se montrer moins agressive ont également entretenu l’appétit pour le risque, avec une hausse de 50 points de base prévue en février suivie de 25 points de base en mars.

Après la forte poussée de ces derniers mois, ces données contradictoires incitent à la prudence sur les marchés d’autant que la saison des résultats trimestriels vient tout juste de débuter. Les premières publications des valeurs bancaires américaines ont été accueillies de manière contrastée, ces dernières faisant état d’une nette baisse de leur bénéfice net par action au quatrième trimestre. Elles ont augmenté de manière significative leurs provisions pour créances douteuses en raison des craintes de récession économique mondiale.
Pour l’ensemble du quatrième trimestre, le consensus Factset estime que les bénéfices des sociétés du S&P500 devraient reculer de 3.9%. Les prochaines publications devraient être déterminantes ainsi que les perspectives d’autant que le consensus table désormais sur des baisses de 0.6% et 0.7% pour les deux premiers trimestres de 2023.

La forte progression de l’Europe des ces dernières semaines et le retour à quelques encablures des records historiques incitent donc à la prudence pour les semaines à venir, d’autant que les espoirs placés sur les banquiers centraux pourraient s’avérer trop optimistes.

D’un point de vue technique, l’année commence sur les chapeaux de roue. Le retour sur la moyenne mobile à 100 semaines, dans la zone des 6450 points, a suscité une vive réaction positive, l’indice revenant d’ores et déjà à moins de 4% de son record absolu.
La dynamique reste donc clairement haussière sur les différentes échelles de temps. En données hebdomadaires, la tendance est positive au-dessus des 6450 points et la moyenne mobile à 20 semaines qui arrive en soutien. A plus court terme, la dynamique est également haussière au-dessus des 6800 points. La zone des 7160 points pourrait toutefois servir de prétexte à quelques prises de bénéfices, après plus de 1400 points repris depuis fin septembre dernier, et renvoyer rapidement l’indice sur les 6800/6760 points.