Les places financières ont été lourdement chahutées ces dernières semaines, avec le nouveau pic de l’inflation en zone euro et aux Etats-Unis qui a poussé les banques centrales à relever leurs taux d’intérêt, ravivant dans la foulée les craintes de récession.
Depuis le début du mois de juin, les grands indices ont ainsi poursuivi leur mouvement de correction, à l’image du CAC40 qui cède 8.5% sur la période, du DAX qui perd 7.8% ou encore du S&P500 et du Nasdaq100 qui s’enfoncent respectivement de 11.1% et 10.9%. L’indice des valeurs technologiques américaines signe par ailleurs l’une des pires performances depuis le 1er janvier (-31%), traduisant une très nette désaffection pour les valeurs de croissance.

Tandis que les prix à la consommation sont ressortis en hausse de 8.6% en rythme annuel en mai aux Etats-Unis, la plus forte progression depuis 1981, et que l’inflation a atteint 8.1% en zone euro (7.4% en avril), les banques centrales ont dû tour à tour procéder à un relèvement drastique des taux d’intérêt. Après 50 points de base en mai, la Réserve Fédérale a acté un nouveau tour de vis de 75 points, évoquant que d’autres resserrements monétaires seraient à venir. La Banque d’Angleterre a relevé ses taux de 25 points de base et contre toute attente même la Banque nationale suisse de 50 points de base. La BCE, qui avait jusque là repoussé l’échéance, a également indiqué que le loyer de l’argent serait relevé dès juillet (25 points), puis en septembre, une première en 10 ans. Ces nouvelles mesures pour juguler l’inflation galopante, en partie liée à la forte poussée des prix de l’énergie, ont engendré une forte hausse des marchés obligataires et de nouveaux dégagements massifs sur les marchés actions.

En attendant les prochaines publications sur l’inflation et les annonces des banquiers centraux, les opérateurs pourraient de nouveaux focaliser leur attention sur la saison des résultats pour le second trimestre qui débutera mi-juillet. Les analystes ont récemment révu à la baisse leurs prévisions, anticipant désormais une marge bénéficiaire de 12.4% pour les sociétés du S&P500. Les bénéfices avaient progressé de 9% au T1, la plus mauvaise performance depuis le T4 2020. Compte tenu de la hausse des coûts, du ralentissement économique, de l’inflation et des problèmes d’approvisionnement, ces prévisions pourraient s’avérer trop optimistes et décevoir, engendrant ainsi de nouveaux pics de volatilité. Il conviendra donc de rester prudent.

D’un point de vue graphique, le CAC40 est revenu à quelques encablures de ses plus bas annuels (5756 points) tandis que certaines de ses composantes creusent leurs pertes depuis le début de l’année. Hermès cède ainsi 35.4%, Dassault Systèmes 34.9%, Eurofins 33.7%, Schneider Electric 32.3% ou encore Kering 30%. Seuls quelques titres à caractère défensif se démarquent. Thalès engrange près de 57%, avec notamment la guerre en Ukraine, Orange s’adjuge 21.4%, Carrefour 18.8% et Total 16%, profitant de l’envolée des cours pétroliers.
En données hebdomadaires, le biais demeure baissier pour l’indice parisien sous les 6685 points, zone de convergence avec la moyenne mobile à 50 semaines. Sur un horizon de temps plus court, la tendance reste également négative sous les 6250 points (moyenne mobile à 20 jours).
Compte tenu de l’ampleur du récent mouvement et de la survente des indicateurs, on profitera du retour sur les points bas pour revenir progressivement à l’achat. Une reprise technique pourrait, en effet, se mettre en place, avec les 6250 points comme premier objectif majeur.
L’enfoncement des 5750 points invaliderait ce scénario, suggérant une poursuite des dégagements en direction des 5400 points.