Il aura fallu un an pour que l’indice CAC40 retrouve son niveau d’avant la crise sanitaire, laquelle s’était clairement fait ressentir dès le 24 février 2020, avec une première baisse notable de près de 4%. En quelques semaines, le décrochage avait atteint 40%, avant une reprise aussi violente, quoiqu’un peu plus longue à se déployer. Ces dernières semaines, le rattrapage des places financières s’est intensifié, permettant à bon nombre d’entre elles d’inscrire de nouveaux records historiques. L’appétit pour les actifs risqués n’a donc pas disparu, avec notamment une très nette amélioration des perspectives économiques à moyen terme, même si l’on assiste à de forts arbitrages sectoriels.

Bien que le virus continue de circuler dans les pays occidentaux, engendrant de nouvelles mesures de restriction sanitaire, d’autres pays sortent la tête de l’eau, comme aux Etats-Unis, au Japon ou même au Royaume-Uni. L’intensification des campagnes de vaccination à travers le globe laisse envisager une accélération de la reprise économique dans les mois à venir, entretenant l’optimisme des opérateurs.

La Réserve Fédérale est allée dans ce sens lors de sa dernière réunion de politique monétaire, en relevant très nettement ses prévisions de croissance pour l’économie américaine à +6.5% pour 2021 (contre +4.2% précédemment). Elle a ainsi maintenu ses taux et ses achats d’actifs inchangés, ne prévoyant pour le moment pas de durcir le ton malgré une inflation qui pourrait progresser de 2.4% cette année, avant de revenir autour de 2% les années suivantes.

Les banques centrales restent ainsi en soutien, comme la BCE qui a, elle aussi, récemment confirmé sa politique de taux bas, la poursuite du PEPP (programme d’urgence contre la pandémie) à hauteur de 1850 milliards d’euros jusqu’en mars 2022, tout en accélérant ses achats d'obligations hebdomadaires pour contrer les récentes craintes inflationnistes.

Depuis quelques semaines, la validation du vaste plan d’aide américain de 1900 milliards de dollars et l’amélioration des perspectives économiques poussent les rendements obligataires à la hausse. Les opérateurs craignent une accélération de l’inflation qui conduirait les grandes banques centrales à resserrer prématurément leur politique monétaire. Ces tensions sur le marché obligataire pèsent lourdement sur le secteur technologique en Bourse, un secteur jugé par ailleurs survalorisé, les opérateurs préférant se tourner sur les valeurs “values” qui devraient très nettement profiter de l’accélération de la reprise économique à l’échelle mondiale.

Bien que le contexte reste globalement porteur, avec des espoirs de retour à la normale, la récente envolée des places financières invite à la prudence. Les marchés devraient scruter avec attention, les prochaines données sur l’inflation, engendrant vraisemblablement un retour de la volatilité.

Techniquement, le CAC40 a poursuivi son rattrapage ces dernières semaines, revenant sur des niveaux inégalés depuis 2020. L’indice parisien enregistre désormais une performance de plus de 8% depuis le 1er janvier, revenant à proximité d’une zone de résistance charnière située vers 6110 points. La réaction de l’indice à proximité de ce niveau devrait être déterminante. En données journalières, la dynamique reste clairement positive au-dessus des 5925 points, zone de convergence avec la moyenne mobile à 20 jours. On suivra désormais de près la sortie des 5925/6110 points pour agir dans un sens comme dans l’autre. Une sortie par le haut de cette zone libérerait un nouveau potentiel d’appréciation conséquent en direction des 6400 points, niveau inégalé depuis les années 2000. Dans le cas contraire, sous les 5925 points, on pourra s’attendre à l’amorce d’une consolidation plus marquée en direction des 5830 points voire 5700 points. Un retour sur ce support majeur permettrait de revenir à l’achat à moindre risque.