La bourse de Paris poursuit dans le même registre de la volatilité mais ce qui apparaît plus nettement ce jeudi, c'est la non prise en compte de la spectaculaire détente des taux en Europe (-20Pts sur nos OAT) et la sous-performance par rapport à Wall Street qui opte résolument pour une tendance haussière avec +0,6% pour le Dow Jones, +0,9% pour le S&P500 et +1,4% pour le Nasdaq.
Et pendant ce temps, le CAC40 se morfond avec -0,4% (sous 5.900) après avoir affiché jusqu'à +0,7% et testé 5.957.

Cette séance n'est pas seulement volatile et paradoxale, elle est également caractérisée par une évaporation des volumes (1,8MdsE échangés seulement à 45Mn du 'fixing' de clôture).
Le CAC40 est il est vrai pénalisé par le net recul des valeurs bancaires, à l'instar de Société Générale (-5,2%), BNP Paribas et Crédit Agricole (-4%) du fait de la chute verticale des rendements obligataires depuis 48H.

L'Euro-Stoxx50 fait également grise mine (-0,5%), le DAX rechute de -1,3%, dans le sillage des valeurs industrielles alors que l'Allemagne commence à connaître une pénurie de gaz qui va nécessiter des délestages et un ralentissement de la production.

Wall Street (+1% en moyenne) n'est visiblement pas éprouvé par la chute de la croissance de l'activité du secteur privé américain: l'indice PMI composite de S&P Global ralentit sensiblement en juin.
Il ressort à 51,2 en estimation flash -un plus bas de cinq mois-, après 53,6 pour le mois de mai.
Dans le détail, le PMI des 'Services' de juin chute de -2Pts de 53,6 à 51.6, et le 'Manufacturing' plonge de 57 vers 52.4.

'Il s'agit de la deuxième plus faible croissance de l'activité depuis juillet 2020, avec une croissance de la production du secteur des services plus faible accompagnée de la première contraction de la production manufacturière en deux ans', précisent les enquêteurs.

Jerome Powell s'attend à ce que les Etats Unis se rapprochent d'un scénario de récession alors que la FED va poursuivre 'son combat sans faille' contre l'inflation, la hausse des taux contribuant à réduire la demande -c'est la nouvelle doctrine- dans un contexte de pénurie d'énergie, de matière premières et de composants.

Sur le même thème, Robert Habeck, le Ministre allemand de l'économie, a prononcé dans la matinée un discours concernant la 'sécurisation de l'approvisionnement en énergie' du pays et prévenu que le gaz commence à manquer et qu'il faut se préparer à une économie de pénurie, à une baisse des cadences de production dans l'industrie... et à une nouvelle hausse des prix du gaz ces prochains mois.

Les statistiques de la matinée n'étaient pas plus encourageantes concernant l'Europe.
Ainsi, l'indice PMI flash composite de l'activité globale en France s'est replié de 57 en mai à 52,8 en juin, signalant la plus faible expansion de l'activité du secteur privé français depuis le début de l'année.

Même tendance dans la zone euro où l'indice PMI composite S&P Global s'est replié de 54,8 en mai à 51,9 en juin, mettant ainsi en évidence un deuxième ralentissement mensuel consécutif de la croissance du secteur privé de la zone, selon l'estimation flash.

Cet affaiblissement a notamment résulté d'une détérioration des performances de l'industrie, la production manufacturière ayant diminué pour la première fois depuis deux ans, mais la forte détérioration des performances des services s'est aussi confirmée.

'L'impact du dégel de la demande accumulée lors des périodes de confinement commence déjà à s'estomper, sous l'effet de la brusque augmentation du coût de la vie et de la chute de la confiance des ménages et des entreprises', explique-t-on chez S&P Global.

Si les indices PMI restent donc supérieurs à 50 (pour rappel, le seuil de 50 constitue la limite entre expansion de l'activité -chiffre supérieur à 50- et repli de l'activité -chiffre inférieur à 50) ils témoignent d'un net ralentissement de la croissance, aussi bien dans l'Hexagone que dans la zone euro.

De plus, en juin 2022, le climat des affaires en France s'est assombri quelque peu, au vu de l'indicateur synthétique calculé par l'Insee qui perd 2 points à 104, mais reste ainsi au-dessus de sa moyenne de longue période (100). On tentera de se rassurer avec le baromètre du secteur tertiaire du des 'services' qui prend +2Pts à 108.

De son côté, le climat de l'emploi se dégrade de nouveau en juin 2022, pour le troisième mois consécutif : son indicateur synthétique perd deux points à 108, restant nettement au-dessus de sa moyenne de longue période (100).

Les marchés d'actions ne profitent visiblement pas de la spectaculaire embellie des bons du Trésor en Europe: pour la seconde séance consécutive, nos OAT se détendent très fortement : -21Pts sur nos OAT à 1,956%, les Bunds affichent -22Pts à 1,4060% et les BTP italiens seulement -16Pts à 3,4700%

Outre-Atlantique, l'embellie est également au rendez-vous avec -13Pts sur le '10 ans' à 3,027, -16,5Pts sur le '5 ans' à 3,065%, -15Pts sur le '2 ans' à 2,906% et -8Pts 'seulement' sur le '30 ans' à 3,165%.

Sur le compartiment pétrolier, les cours du brut restent orientés à la baisse, rattrapés par les craintes d'une surabondance de l'offre avec le ralentissement économique qui se profile. Le Baril de Brent s'échange désormais autour de 111 $, le WTI vaut environ 105,5$ sur le NYMEX.

Dans l'actualité des sociétés, les banques figurent en queue de peloton, mais St Gobain n'est pas épargné avec -4,3%.
Valnéva connait une nouvelle poussée de fièvre avec +25% vers 15E, Atos rebondit de +6 à +8% sur des rumeurs d'éventuel rapprochement (OPA ?) par son partenaire Thalès.
Air Liquide et Siemens Energy annoncent la création d'une coentreprise, qu'ils détiendront respectivement à hauteur de 25,1% et 74,9%, dédiée à la production en série en Europe d'électrolyseurs hydrogène renouvelable de taille industrielle.

TF1 annonce avoir cédé au fonds HLD l'agence de marketing digital Gamned!, spécialisée dans l'achat média programmatique, qui compte plus de 160 collaborateurs en France et au sein de six bureaux internationaux.

Enfin, Arkema et Unibail-Rodamco-Westfield (URW) annoncent avoir conclu un bail de neuf ans portant sur environ 25.000m2 représentant 80% de l'immeuble Lightwell à La Défense, où le chimiste installera son nouveau siège social fin 2024, avec près de 1200 salariés.

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